Témoignage. 80e anniversaire du Débarquement. Blanche Boulet, la boulangère devenue infirmière

Blanche Boulet travaillait en boulangerie quand elle a été formée aux premiers secours, à la va-vite, pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant plus de deux mois, elle viendra en aide aux blessés dans un poste de secours improvisé.

Cette année encore, Blanche Boulet a tenu à revenir là où la guerre a percuté son destin de jeune femme de 25 ans. " Mes souvenirs, ils n'ont jamais disparu, vous savez" dit-elle.

Quand elle revient là où elle a soigné tant de blessés, malgré ses 105 ans, Blanche revit immédiatement ces quelques mois de 1944. C'est dans la maison d'un particulier, devenue poste de secours, qu'elle accueillait les blessés : "ils arrivaient par ce portail, ils passaient la porte et le docteur intervenait. Quand ils avaient été pansés et autres, on les mettait au premier étage".

A l'époque, Blanchette, comme on la surnomme, tient la caisse de la boulangerie. La Croix Rouge l'a formée au secourisme. Survient alors cette nuit du 5 au 6 juin où les bombardements secouent Ouistreham, faisant de nombreux blessés. "J'ai soigné comme un automate. Il y avait l'angoisse, il y avait la peur, mais j'ai soigné quand même. J'ai fait mon travail, un travail d'infirmière" dit-elle. 

Blanche soignera les blessés sans relâche pendant 63 jours. Elle se souvient de la reconnaissance d'une femme qu'elle a soignée alors que son visage était criblé d'éclats de verre.

Après les civils arrivent les militaires. Les hommes du commando Kieffer, des soldats anglais... "Moi, simple secouriste, j'ai fait à mon avis mon devoir. On me demandait, j'étais volontaire. Mais je suis étonnée de la reconnaissance".

Installée en région lyonnaise, Blanche a mis 40 ans à revenir dans l'ancien poste de secours. Elle se fait aujourd'hui un devoir de raviver cette Mémoire, pour tous ceux qui sont tombés.