À deux mois de leur épreuve de droit et économie du Baccalauréat, les élèves de Terminale STMG du Lycée Salvador Allende de Hérouville-Saint-Clair (Calvados) accusent un déficit de 60 heures de cours. Dans cette matière fondamentale de leur cursus, ils n'ont pas de professeur dédié depuis le début de l'année scolaire.
Le droit-éco est la matière de base de leur cursus. Au baccalauréat, son coefficient est de 16. Pourtant, les élèves de Terminales STMG du lycée Salvador Allende d'Hérouville-Saint-Clair n'ont pas de professeur attitré depuis la rentrée scolaire de septembre. Résultat : un déficit d'au moins 60 heures de cours et une grande inquiétude en vue des échéances futures.
Deux profs nous ont fait cours, mais ce n'était pas 6 heures par semaine, mais seulement trois. Là, on a une prof qui vient, mais pas 6 heures par semaine, c'est totalement aléatoire. On a beaucoup trop de retard. Au Bac blanc, on a eu une question sur laquelle on n'avait même pas fait un cours, donc ce n'est pas normal. Et en plus de ça, ces cours ne se font pas sur nos créneaux habituels, donc c'est compliqué de s'adapter.
Lou, élève de Terminale STMG au Lycée Salvador Allende de Hérouville-Saint-Clair (14)
Car pour parer au plus pressé, d'autres enseignants de droit-économie titulaires de l'établissement ont pallié en partie le manque de professeur au début de l'année, mais le dispositif s'est arrêté après les vacances de la Toussaint. Après plus d'un mois sans cours et un premier article dénonçant la situation dans Ouest-France, une enseignante remplaçante est arrivée le 9 décembre. Également professeur en BTS, elle ne peut dispenser son cours aux horaires prévus dans l'emploi du temps initial de la Terminale STMG. En conséquences, des cours ont été placés le mardi soir et... le mercredi après-midi, alors que certains élèves ont déjà des activités extra-scolaires.
L'inquiétude pour Parcoursup
Tandis que la plateforme Parcoursup vient tout juste d'ouvrir et que les lycéens doivent émettre des vœux pour la suite de leurs études, l'inquiétude est grande. Car, d'une, ils ont très peu de notes dans un contrôle continu aujourd'hui primordial pour le Bac. Et de deux, pour ne rien arranger à l'affaire, contrairement à l'an passé, l'épreuve finale de droit-économie n'a pas lieu en mai, mais en mars.
J'aimerais bien faire un BUT TC, sur trois ans. Pour ça, il faut que j'ai une bonne moyenne. Mais vu que je n'ai pas de prof de droit éco depuis le début de l'année, c'est difficile. On a eu seulement deux notes et on ne connait pas notre vrai niveau. Le droit, c'est notre deuxième matière la plus importante pour le Bac. Coefficient 16. Si on a une mauvaise note, on n'est pas sûr de l'avoir.
Hugo, élève en Terminale STMG au Lycée Salvador Allende de Hérouville-Saint-Clair
Les parents d'élèves prêts à aller en justice
Selon les parents d'élèves, "très inquiets", le lycée et le rectorat étaient au courant de la situation "depuis mai-juin de l'année dernière". De son côté, le rectorat reconnait les faits et se retranche derrière la crise des vocations, la pénurie d'enseignants et la fiche de poste peu attirante. "C'est un poste à temps partiel pour lequel nos peinons à recruter", déclarait l'instance chez nos confères de Ouest-France début décembre, tout en promettant de le repasser "à temps complet" sans délai et que les heures de cours seraient réattribuées avant la fin de l'année.
Mais un mois et demi plus tard, la situation n'est pas vraiment viable, ni acceptable pour les élèves, autant que pour leurs parents. Ces derniers estiment que leurs enfants ont été privés d'égalité des chances. Ils n'excluent pas un éventuel recours en justice.