Accès au logement: les noms d'origine africaine ou maghrébine discriminés à Caen

Les propriétaires privés désireux de louer un logement répondent moins facilement à un candidat portant un nom d'origine maghrébine ou africaine, une discrimination "importante" notamment dans les villes moyennes comme Caen, montre une étude publiée vendredi. 

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Pour mesurer les discriminations dans l'accès au logement du parc privé dans les 50 plus grandes aires urbaines de France, une équipe de scientifiques du CNRS (centre national de la recherche scientifique) a, entre juin et décembre 2016, envoyé cinq candidatures fictives en réponse à une sélection de 5.000 annonces de location, et étudié les retours de ces 25.000 réponses.

Opération testing

Dans le cadre de cette rare opération de "testing" à grande échelle en France, les candidats fictifs, aux noms évoquant des origines diverses (Petit, Rousseau, Chettouh, Mehdaoui, Sambou...) ont envoyé le même jour et à quelques heures d'intervalle de courts emails où apparaissaient leur nom, âge, lieu de résidence et statut professionnel, en réponse aux annonces sélectionnées.

Les résultats (réponses non négatives) font apparaître d'"importantes discriminations selon l'origine" pénalisant les candidats aux noms et prénoms d'origine "maghrébine" ou "africaine", notent les auteurs du rapport, dont l'AFP a obtenu copie. Aucune discrimination n'apparaît en revanche en fonction de l'âge ou du lieu de résidence des candidats.

Ainsi par rapport au "candidat de référence présumé d'origine française, Sébastien Petit, le candidat maghrébin Mohamed Chettouh a 26,7% de chances en moins de voir ses démarches d'accès au logement aboutir", soulignent les auteurs. Ces discriminations, "très marquées" pour les offres émanant de particuliers mais qui "le sont aussi" pour celles "diffusées par les agences immobilières", "ne sont que faiblement atténuées lorsque le candidat à la location ajoute un signal de qualité en précisant qu'il est fonctionnaire", ajoutent-ils.

Caen et une dizaine de villes testées

Ces discriminations sont particulièrement "patentes" dans une dizaine de villes dispersées à travers le territoire (Limoges, Orléans, Amiens, Béthune, Caen, Le Havre, Valenciennes, Avignon, Perpignan, Nancy), toutes des préfectures ou sous-préfectures de taille et rayonnement moyen.

Pourquoi ces villes en particulier? Il faudrait, selon les auteurs, des "explorations plus approfondies" pour l'expliquer, ces agglomérations n'étant guère éloignées des moyennes nationales en termes de pyramide des âges, de niveau de diplômes et de revenus, d'état du marché immobilier ou de nombre d'habitants issus de l'immigration. Si cette étude ne se limite pour l'heure qu'à "la première marche de l'accès au logement", c'est-à-dire "la prise de rendez-vous avec un loueur", ses "résultats sont suffisamment robustes pour plaider pour des réactions de politique publique", concluent les auteurs.


Discriminations fréquentes

Ces derniers plaident pour une "réflexion approfondie" sur "les différents outils" pouvant être déployés pour contrer les discriminations dans l'accès au logement" et lutter "contre la précarité sociale", comme "l'accès au logement social" ou "mécanismes de garanties financières permettant de sécuriser les loueurs du parc privé".

Selon une autre étude publiée jeudi par le Défenseur des droits, les personnes discriminées pour l'accès au logement locatif privé en raison de leur handicap, leur couleur de peau ou leur situation familiale renoncent à faire valoir leurs droits et se tournent vers le logement social. Près d'une personne sur deux (46%) y juge les discriminations "fréquentes" ou "très fréquentes" dans l'accès au logement, où les bailleurs privés sont très "sélectifs".

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