Véritable coup de théâtre dans l'affaire de l'homme de 64 ans tué par une nacelle, dimanche dernier, alors qu'il effectuait des manipulations sur une attraction de la Foire de Pâques de Caen. Alors que l'enquête est en cours, des "pièces du manège" ont disparu selon le parquet de Caen.
Mais où sont passées les pièces manquantes du manège ? C'est la grande question que se pose le parquet de Caen.
"Des personnes mal intentionnées ont fait disparaître ces pièces pour les soustraire de l'enquête"
En effet, l'expert assigné pour effectuer l'examen du manège a rapporté à la justice que des pièces de l'ouvrage, pourtant bien présentes à l'ouverture de la foire de Caen, ont disparu. Des faits que confirme le procureur de la République, Joël Garrigue : "Des personnes mal intentionnées ont fait disparaître ces pièces pour les soustraire de l'enquête".
Ce dernier a donc demandé "l’ouverture d’une information judiciaire, avec demande de placement en détention provisoire".
Dimanche dernier, un homme de 64 ans, le gérant du Speed Mouse, a été tué par une nacelle alors qu'il manipulait l'attraction. Deux forains ont alors été placés en garde à vue, mardi et mercredi. Âgés de 48 et 52 ans, les deux hommes questionnés par les agents de police sont le propriétaire du manège et l'opérateur de l'attraction, celui qui était dans la cabine de pilotage lorsque le drame est survenu.
Placés sous contrôle judiciaire
A leur sortie de garde à vue, ils n'ont pas été placés en détention provisoire, comme demandé par le procureur, mais se retrouvent sous contrôle judiciaire. Ils ont été mis en examen pour "homicide involontaire". Le propriétaire du Speed mouse devra également répondre du chef d'inculpation de "recours au travail dissimulé".
Selon le procureur de la République de Caen, Joël Garrigue, des zones d'ombre existent en effet sur la légalité des contrats de travail. "Personne n'était vraiment déclaré sur ce manège", avait-il déclaré à France Bleu dès mardi soir.
Concernant les pièces manquantes, le propriétaire n'a pas été mis en examen mais placé sous le statut de témoin assisté pour "modification d'une scène de crime".
Son avocat, maître Abed Bendjador, émet l'hypothèse de pièces de rechange, non présentes lors de l'expertise. "Vous savez quand on a un manège de cette envergure en fonctionnement, est-ce qu'on amène toutes les pièces de rechange sur le lieu de la foire ou les garde-t-on dans des hangars ? En tout état de cause, mon client se met à la disposition de la justice pour l'éclairer sur ce point."
Que risque le propriétaire déjà condamné pour homicide involontaire ?
En août 2007, la rupture d'un élément mécanique avait provoqué la mort d'un père et de son fils et blessé deux personnes à la fête des Loges de Saint Germain en Laye. Cet accident était lié à la défaillance de l'attraction "Booster", propriété du même forain, mis en examen aujourd'hui, pour la mort "de son ami, de son frère", précise son avocat.
Il a été condamné en 2013 à un an de prison avec sursis et 1 500 euros d'amende. "L'erreur venait du constructeur, indique Maître Abed Bendjador. On n'est pas dans le cas d'une récidive et en dehors du délai du sursis, qui est de 5 ans."
Les circonstances du drame demeurent incertaines. "Nous ne savons pas pourquoi la victime manipulait l'attraction à ce moment là. Les contrôles avaient été menés quelques jours avant et il n'y avait pas de défaut technique", explique l'avocat du propriétaire, qui risque trois ans d'emprisonnement pour homicide involontaire.