"C'est Paris contre la province !" Bras de fer autour du manifeste de Charlotte Corday :

Hervé Morin, le président de la Région Normandie, est très en colère après l'annonce du ministère de la Culture, de revendiquer le manifeste de Charlotte Corday. Un document acquis par la Région, la ville de Caen et le département du Calvados, lors d'une vente aux enchères le 11 juin 2023. Les trois collectivités ont annoncé leur intention de porter l'affaire devant le Tribunal administratif.

"L'attitude de l'État est significative du mépris de l'État pour les Régions". Hervé Morin, le président de la Région Normandie, ne comprend pas la décision du ministère de la Culture, de revendiquer le manifeste de Charlotte Corday. Un document exceptionnel que la Région, la ville de Caen et le département du Calvados, ont acquis aux enchères le 11 juin dernier, pour une facture totale de 270 000 euros.

Le président de la Région Normandie, qui a tenu une conférence de presse, ce vendredi, en compagnie de Jean-Léonce Dupont, le président du Conseil départemental du Calvados et de Joël Bruneau, le maire de Caen, s'interroge sur la décision de l'État. "On ne comprend pas pourquoi l'État n'a pas revendiqué cette pièce depuis belle lurette. Il a eu deux occasions de le faire, ces 10 dernières années, et il n'a rien fait. Il faut donc que les collectivités locales s'intéressent à ce document, pour que le ministère de la Culture se réveille. C'est du mépris à l'égard des collectivités"

Il faut donc que les collectivités locales s'intéressent à ce document, pour que le ministère de la Culture se réveille. C'est du mépris à l'égard des collectivités.

Hervé Morin

Président de la Région Normandie

Les trois collectivités normandes, qui ont beaucoup de projets autour du manifeste de Charlotte Corday, comptent bien défendre leur acquisition. Une fois la demande officielle de l'État confirmée par courrier, elles porteront l'affaire devant le Tribunal administratif. Pour Hervé Morin, la démarche du ministère n'est pas valable sur la forme et le fond. "La revendication de l'État doit être faite par lettre recommandée au propriétaire du document, en l'occurrence, cette formalité n'a pas été respectée en temps et en heure. L'État a également écrit une doctrine officielle en 2016, sur la procédure de revendication des pièces. Sur ce cas précis, il ne se l'applique pas, on se demande pourquoi". 

Un texte politique

Ce manuscrit écrit par la jeune Charlotte Corday, juste avant qu'elle assassine Jean-Paul Marat, le président du club des Jacobins, le 13 juillet 1793, est un texte rare et très politique. La jeune femme de 24 ans, parfois présentée comme royaliste, y déplore le dévoiement des idéaux révolutionnaires, auxquels elle avait adhéré, et la brutalité du pouvoir. 

Dans cette lettre, elle dit qu'elle a agi pour la paix, pour la révolution, pour la République et en son nom propre. Comme cela n'allait pas dans le sens du tribunal révolutionnaire, la lettre n'a pas été versée au procès.

Robin Goyeux

Responsable du département Royauté au sein de l'étude Osenat

Ce manuscrit caché dans le corsage de Charlotte Corday au moment de son arrestation fut soustrait au dossier d'accusation, parce qu'il n'allait pas dans le sens du tribunal révolutionnaire. Tout au long du 18ᵉ siècle, il s'est retrouvé dans plusieurs ventes aux enchères où il a enrichi des collections prestigieuses de manuscrits et d'objets historiques. 

Qui était Charlotte Corday ? 

Marie-Anne Charlotte de Corday d'Armont, plus connue sous le nom de Charlotte Corday, est née le 27 juillet 1768 à Saint-Saturnin-des-Ligneries, près de Vimoutiers dans le pays d'Auge. Elle fut baptisée dans l'église du village.

Membre d'une famille de la vieille noblesse normande, totalement désargentée, elle entre au couvent à l'âge de 13 ans. Elle va y passer dix ans de sa vie, une période heureuse, où elle s'instruit. C'est une intellectuelle, passionnée notamment par les oeuvres de son arrière-arrière-arrière-grand-père, Pierre Corneille. Pensionnaire de l'Abbaye-aux-Dames à Caen, jusqu'à la révolution, elle monte à Paris le 9 juillet 1793, pour assassiner Marat, qu'elle qualifie de "scélérat, dont le nom seul présente l'image de tous les crimes".

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