La circulation des trains est suspendue entre Caen et Cherbourg pendant tout le week-end de la Toussaint pour permettre l'installation d'un pont-rail à Bretteville-sur-Odon (Calvados). Une énorme pièce de béton de 1700 tonnes a été positionnée dans la nuit de jeudi à vendredi. Les travaux continuent. C'est une course contre la monte.
La lumière crue des projecteurs du chantier perce un épais brouillard. Quelques voisins campent derrière des barrières pour assister à ce spectacle d'ingénierie. "Nous avons plusieurs chantiers chaque jour et chaque nuit en Normandie. Mais un comme ça, on n'en a pas tous les dix ans", explique Vincent Palix, le directeur territorial Normandie de SNCF Réseaux.
La voie de chemin de fer a été coupée : les rails sont déposés et les caténaires démontées. "Nous avons retiré 7000 m3 pour déconstruire le talus", précise Vincent Palix devant un trou béant.
Il n'est pas commun qu'une voie de chemin de fer soit percée de la sorte. Le chantier, financé par Caen-la-Mer, doit permettre d'ouvrir un nouveau boulevard qui va faciliter la vie des habitants de Bretteville-sur-Odon. "Cela fait 25 ans qu'on l'attend, se réjouit le maire, Patrick Lecaplain. Cela permettra de rejoindre facilement le quartier Koenig et ses 1500 emplois et la zone d'activité de la Grande plaine". La facture s'élève à plus de 9 millions d'euros.
1700 tonnes sur roulettes
"On sait depuis trois ans que ce chantier aura lieu ce week-end, explique le directeur régional de SNCF Réseau. Ce week-end prolongé nous permet de faire les travaux sans pénaliser les usagers du quotidien". 70 personnes travaillent en 3/8, jour et nuit. Un contre-la-montre est enclenché.
L'opération la plus délicate a été menée dans la nuit de jeudi à vendredi. La structure en béton du pont a rejoint son emplacement définitif. "Cet ouvrage a été construit il y a plusieurs mois à proximité de la voie ferrée. Il pèse 1700 tonnes", explique Vincent Palix.
Cette énorme carcasse a été hissée sur une plateforme montée sur roues, "un mille-pattes". Le convoi a parcouru 60 mètres à la vitesse de 0,5 km/h sous les yeux attentifs de Cyril Herbulot, le pilote de l'opération pour SNCF Réseaux.
"C'est une opération minutieuse, dit-il. Il faut bien régler la hauteur pour que l'ouvrage soit positionné dans l'axe de la route et de la voie ferrée." Les équipes vont ensuite remettre de la terre pour construire des remblais. Il faudra reposer les rails et les caténaires. Le premier train doit partir de la gare de Caen lundi matin à 5h50. Le temps est compté.