Le maire de Caen, Joël Bruneau a été testé positif au coronavirus peu après le premier tour des municipales. Le maire de Caen et président de l'agglomération est sorti de quatorzaine. Parmi les dossiers "sur le feu", la mise en place de points de vente pour les producteurs locaux.
"Ça fait une semaine que j'ai retrouvé la santé ". A l'autre bout du fil, la voix de Joël Bruneau ne montre aucun signe de fatigue. La veille, ce lundi 30 mars, il a annoncé sur les réseaux sociaux que sa "période de quarantaine" était terminée. Le 19 mars dernier, la maire de Caen révélait qu'il avait été testé positif au Covid-19, peu après le premier tour des municipales, un premier tour dont l'organisation en pleine épidémie avait fait polémique.
"Ça va, ça fait un moment que je suis rétabli.", martèle Joël Bruneau, "J'ai respecté les 14 jours avant de revenir en mairie. Comme plein d'autres, j'ai eu une forme édulcorée du virus, un peu de fièvre un peu de toux, j'ai été fatigué pendant trois jours." Le maire de Caen, compte d'ailleurs parmi ses proches, des membres de sa famille et des collaborateurs, plusieurs personnes qui ont été infectées et aucun grave à déplorer. "J'ai quelques colistiers qui ont eu des symptômes assimilables, un peu de température, des courbatures, mais ils n'ont pas été testés." Contrairement à Joël Bruneau. "Il ne fallait pas que je risque de contaminer la celulle de crise (ndlr : à laquelle il participe en préfecture)", justifie l'intéressé. Seule trace du virus qui subsiste aujourd'hui, la perte d'odorat. "Ce n'est toujours pas revenu. Heureusement que je ne travaille pas dans le parfum."Depuis ce matin, je suis de retour à l’hôtel de ville. Ma période de quarantaine est désormais achevée. Je vous remercie pour tous vos messages reçus depuis 14 jours. Je serai dès ce soir à la cellule de crise départementale aux côtés du préfet et des autorités sanitaires. 1/2 pic.twitter.com/5hx0rhzAxv
— Joël Bruneau (@joelbruneau) March 30, 2020
Je ne suis pas contre le débat mais contre l'excès de débat.
Malgré le trait d'humour et l'énergie qui transparait à l'autre bout du fil, le maire de Caen, bien que rassuré par l'état de santé de ses proches, ne minimise absolument pas la dangerosité du virus. La période actuelle suscite chez lui inquiétude. Et agacement. "Je suis, pour rester poli, dubitatif par rapport aux réactions de certains de nos concitoyens", déclare Joël Bruneau, "En d'autres temps, comme par exemple à l'époque des bombardements, heureusement qu'il n'y avait pas les réseaux sociaux pour remettre en cause chaque décision. Je ne suis pas contre le débat mais contre l'excès de débat."
Assurer un minimum de fonctions vitales
Pour l'heure, Joël Bruneau a retrouvé son bureau et ses collaborateurs avec qui il n'a jamais perdu le contact. "Je participais tous les jours à la réunion téléphonique d'organisation des services", indique celui qui porte la double casquette de maire de Caen et de président de l'agglomération. "Sur la communauté urbaine, il faut assurer un minimum de fonctions vitales comme l'alimentation et l'assainissement de l'eau, le ramassage des ordures mais aussi les transports : pour qu'on puisse rester chez soi, d'autres doivent pouvoir travailler."Côté ville, c'est l'accueil des enfants des personnels soignants et des forces de l'ordre qui doit être assuré. "En plus de l'école, il y a la garderie et la cantine." Sans oublier l'aide aux personnes les plus vulnérables. "Il y a une grosse action via notre Centre Communal d'Action Sociale (CCAS), à l'égard de nos anciens. Il y a aussi l'accueil de jour des SDF et le portage de repas à domicile."
Bientôt des points de vente pour les producteurs locaux
Parmi les préoccupations à moyen et long terme, les conséquences économiques de l'épidémie. "On a arrêté le prélèvement des taxes de séjour (ndlr : en soutien au tourisme) et des loyers dans les pépinières d'entreprises", indique Joël Bruneau. "On fait un point quotidien en cellule de crise avec le préfet et l'un des sujets sur lesquels on travaille en ce moment, c'est de donner la possibilité aux producteurs locaux d'écouleur leur production." Le 23 mars dernier, le Premier ministre Edouard Philippe annonçait un durcissement des mesures de confinement, dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de coronavirus. Parmi les mesures dévoilées, l'interdiction des marchés. Cette mesure est en cours d'assouplissement.A Caen, pas question de rétablir, pour le moment, les marchés tels qu'ils existaient avant le confinement. Joël Bruneau évoque plutôt "des points d'écoulement ou des points de vente", exclusivement alimentaires et réservés "uniquement aux producteurs locaux, il s'agit de limiter les déplacements. On n'y trouvera pas tous les produits : vous n'y trouverez pas des oranges". Ces points de vente devraient être au nombre de trois et mis en place sur des sites accueillant traditionnellement des gros marchés caennais : au Calvaire Saint-Pierre pour le nord de la ville, la Place Saint-Sauveur dans le centre et le boulevard Leroy au sud. Ce dossier devrait aboutir "d'ici la fin de semaine et au plus tard en début de semaine prochaine", promet le maire de Caen.