Elles ont sillonné les rues de Caen ce dimanche et ont coiffé gratuitement plusieurs personnes dans le besoin. Elles viennent de rejoindre le mouvement "coiff in the street" créé par Kevin Ortéga à Marseille et espèrent bien convaincre d'autres collègues de suivre le mouvement.
La météo invite à rester chez soi en ce dimanche matin. Le froid est mordant et il tombe de la neige fondue. Mais pas de quoi arrêter Aurélie Leconte et Marion Desfontaines, collègues et amies.
Il y a quelques jours, elles sont allées se présenter aux sans-abris des rues de Caen pour leur proposer leurs services et elles leur ont donné rendez-vous tout près du théâtre. Les deux jeunes femmes installent leurs tabourets, sortent leur matériel et s'occupent de leur premier client. Il s'appelle Farid, il a 48 ans et plusieurs années passées dans la rue. Cela fait des mois qu’il n’est pas allé chez le coiffeur : "A une époque j’y allais tous les mois, mais c’est devenu beaucoup trop cher. Donc maintenant je me rase la tête".
A une époque j’y allais tous les mois, mais c’est devenu beaucoup trop cher. Donc maintenant je me rase la tête
Il n'a donc pas hésité longtemps quand Aurélie et Marion lui ont proposé une coupe gratuite. Dix minutes pour prendre soin de soi, dix minutes pour retrouver un peu d'estime de soi.
Mais le plus important ce n’est pas toujours la coupe explique Aurélie Leconte "On essaie de garder une distance, de ne pas poser de questions indiscrètes ou trop personnelles. Mais si les personnes veulent discuter, on est là. Même quelques mots échangés peuvent faire du bien".
D'ailleurs dans leur sac à dos, il y a aussi des gateaux, des sandwiches, du café chaud et des vêtements pour prolonger le moment, discuter, apporter un peu de réconfort. "J’ai toujours été touchée par la misère humaine, raconte Aurélie et c'est pour ça que j'ai souhaité rejoindre le mouvement Coiff in the Street de Kevin Ortéga, je me sens utile."
"Le projet mûrit depuis le mois de septembre explique Aurélie, mais il a fallu un peu de temps pour nous organiser." Les deux jeunes femmes ont acheté du matériel spécifique pour les maraudes et leurs employeurs leur ont donné un coup de main. "Pour le moment on a coiffé une dizaine de sans-abris. On espère qu’au retour des beaux jours davantage de personnes viendront nous voir ".
Aurélie et Marion partagent leurs expériences sur leur page Facebook baptisée Coiff dans la rue Caen. Elles espèrent que d'autres coiffeuses rejoindront le mouvement.
Au tour maintenant de Stella de passer entre les mains expertes de Marion. A 46 ans, elle ne vit plus dans la rue mais elle compte le moindre centime, "une jolie coupe c’est important, mais ça coûte cher".