Il était une figure à Caen, dans le petit monde de la musique. André Bellis s'est éteint discrètement le matin de Noël. Il avait 95 ans.
Il fut un trompettiste de talent, un chef réputé, un grand serviteur de la musique : combien de trompettistes doivent se sentir aujourd'hui un peu orphelin ? André Bellis a longtemps dirigé l'orchestre de la Fraternelle. Il fut aussi professeur au conservatoire de Caen. Il a aussi contribué à faire naître l'école de musique de ouistreham.
Celui qui rencontrait André Bellis faisait forcément quelque chose de sa vie. Plus que la technique, il vous enseignait une conception philosophique de la musique.
Au mois de septembre dernier, ses anciens élèves lui ont offert un concert pour son anniversaire : quatre-vingt quinze trompettistes ont soufflé à l'unisson pour leur ancien professeurs qui fêtait ses quatre-vingt quinze ans. "Il était en forme. il avait encore dirigé la marche des trompettes d'Aïda", se souvient son ancien élève, le grand trompettiste Pierre Dutot. En 2012 déjà, les mêmes s'étaient réunis pour un concert-hommage à l'église Saint-Etienne de Caen :
Il faut dire que le professeur avait la réputation d'être exigeant, mais ses élèves adoraient cet homme doué d'une "infinie patience". Certains parmi eux, ont par la suite fait une brillante carrière. Pierre Dutot est par exemple devenu un trompettiste internationalement reconnu et un pédagogue recherché. "J'avais mon caractère. Mais celui qui rencontrait André Bellis faisait forcément quelque chose de sa vie. Plus que la technique, il vous enseignait une conception philosophique de la musique. C'était mon second père, mon ami, mon témoin de mariage. Il s'en va, et ça fait un trou". Lorsqu'il le retrouvait dans sa petite maison, à Caen, Pierre Dutot lui donnait toujours du "Monsieur".
Rencontre avec André Bellis en 2012 (Rémi Mauger, Cyril Duponchel, Carole Lefrançois, François Brillet), extrait d'un feuilleton consacré à la Fraternelle :