Carburant: moins frappés par les taxes, les transporteurs routiers redoutent quand même le passage à la pompe

Anthony Fabien, gérant d'une société de transport à Bayeux, se joindra aux gilets jaunes le 17 novembre. Si son secteur d'activité bénéficie d'une exonération partielle des taxes sur le carburant, la flambée du baril pèse lourdement sur les finances de sa PME.

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C'est un secteur d'activité plutôt silencieux en ce moment alors que les automobilistes expriment leur colère depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux et bientôt dans la rue. Et pourtant, les transporteurs routiers sont de très gros consommateurs de carburant. 

Dans une tribune publiée sur franceinfo, plusieurs ONG environnementales déplorent que la fiscalité sur les carburants "qui touche les Français épargne les secteurs les plus polluants et émetteurs de gaz à effet de serre, comme le secteur aérien ou le transport routier de marchandises." Car outre la TVA qu'elles récupèrent, les entreprises de transport (de marchandises et de voyageurs) bénéficient également du remboursement partiel de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE).
 

1 million de litres chaque année

Anthony Fabien ira tout de même manifester aux côtés des gilets jaunes ce samedi 17 novembre. Depuis 2013, ce patron de 34 ans est à la tête d'une entreprise de transport. En cinq ans, sa PME s'est bien développée en passant de 9 à 16 camions et de 14 à 27 salariés. Mais la flambée du pétrole pourrait mettre un sérieux coup de frein à cette croissance. "Mes conducteurs font en moyenne le plein tous les deux jours et si on retraduit ça en global annuel on peut parler d'un million de litres de carburant consommés chaque année", explique le jeune entrepreneur. A titre d'exemple, un des ses 44 tonnes a ainsi une consommation moyenne de 31 litres au 100.

Si son secteur d'activité bénéficie par d'un remboursement partiel des taxes sur le carburant, les problèmes de trésorerie demeurent. "L'Etat doit nous rembourser 18% de la TICPE mais cette taxe est remboursée tous les semestres", indique Anthony Fabien. Sa PME doit donc avance de la trésorerie: 180 000 euros par an. Et cette somme augmentera l'an prochain quand les taxes prendront sept centimes de plus. "A terme, cela pourrait totalement étrangler ma trésorerie et qui dit plus de trésorerie dit fermeture des rideaux", prévient le chef d'enteprise.
 
Reportage de Jérôme Raguenau et Jean-Michel Guillaud
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