Autorisés à réouvrir le 22 juin, plus tôt qu’annoncé auparavant par les autorités, les cinémas devront affronter plusieurs difficultés. Elles seront d’abord financières et sanitaires mais pour attirer les spectateurs il faudra aussi proposer des nouveautés.
Pendant la période de confinement, certains exploitants de salles ont cherché et trouvé des alternatives pour satisfaire un public en manque de grand écran.
Le Lux, à Caen, a mis en place un « Drive in » en partenariat avec Caen Evènements sur le site du Parc Expo. Ce cinéma de plein air était conçu et demandé à l’origine pour accueillir piétons et cyclistes, mais les autorités ont considéré que la voiture permettait un meilleur confinement des spectateurs.Aujourd’hui, au vu des progrès sanitaires et avec le déconfinement, Gautier Labrusse (LUX) et Paul Séchaud (Caen Evènements) ont refait une demande à la préfecture pour que les dernières séances « Drive in » avant la réouverture des salles se fassent sans voiture.
Le retour dans les salles obscures
Mais pour les petites salles et les cinémas d’art et essais comme pour les grands multiplex, le graal c’est le retour dans les salles obscures.
Le président de la Fédération Nationale des Cinémas Français, Richard Patry a été à la manœuvre depuis le début de la crise Covid19 pour permettre une réouverture au plus tôt en accord avec les autorités sanitaires et le gouvernement.
Cette date du 22 juin est en avance sur celles envisagées auparavant qui étaient prévues début, voir mi-juillet. Richard Patry se félicite de cette bonne nouvelle qui souligne une évolution de la situation sanitaire en progrès et attend, comme tous les exploitants, le retour du guide sanitaire en examen dans les ministères concernés pour savoir avec précision quelles seront les mesures à mettre en œuvre.
Le président de la FNCF est bien sûr satisfait mais paradoxalement il redoute cette période. Avec la réouverture, les charges, augmentées par les mesures de protection, vont revenir sur les exploitants sans être certain que la fréquentation sera au rendez-vous.
Il demande au gouvernement un plan de relance massif de l’industrie française du cinéma pour attendre et accompagner le retour à la normale tant espéré.
Pour avoir des spectateurs, il faut pouvoir projeter des films
Pour avoir des spectateurs, il faut avoir des films. Hors les productions sont très hésitantes quant à sortir leurs blockbusters en période de grande incertitude.Les films sortis juste avant le confinement et qui ont eu les ailes coupées au décollage vont pouvoir repartir dès le 22 juin. C’est le cas de « La bonne épouse » au Café des Images à Hérouville Saint-Clair ou de « De Gaulle » qui sera programmé au Lux à Caen. Le Lux ne pourra proposer que la moitié des séances habituelles et sans cafétéria, au moins jusqu’à la rentrée.
Les locomotives comme le « Kaamelott » d’Alexandre Astier ou « Effacer l’historique » de Benoit Délépine et Gustave Kervern attendront novembre ou décembre pour se lancer.
Les mesures de distanciation qui vont réduire pour un temps la capacité des salles seront peut-être compensées par un nombre de films plus réduit. Les cinémas pourront exploiter un même film dans plusieurs salles en même temps. C’est ce qu’envisage José-Luis Vinhas, directeur du multiplex Pathé Rives de l’Orne à Caen. Il espère également tirer parti de la numérotation des places, un système peu employé au cinéma qu’il a instauré dans son établissement avant la crise mais qui avait contrarié certains spectateurs. On peut avec ce système simple réserver et choisir ses places en visualisant sur son écran où elles sont placées dans la salle et cela pourrait bien faire la différence en ces temps de pandémie.
L’été sera donc probablement calme et incertain pour nos cinémas. On devra attendre octobre pour retrouver une programmation normale mais nous aurons tout de même deux nouveautés au mois de juillet avec « Tenet » de Christopher Nolan qui tentera d’empêcher une troisième guerre mondiale en voyageant dans le temps (sortie le 22/07), et « Mulan » de Disney (sortie le 24/07.)