La Fédération Campus Basse-Normandie, comme bon nombre d'organisations étudiantes, tire la sonnette d'alarme : le coût de la rentrée 2022 sera plus cher que l'an dernier et risque de fragiliser encore un peu plus les plus fragiles.
"On n'a jamais connu une telle augmentation d'une année à l'autre", s'alarmait le 16 août dernier Paul
Mayaux, le président de la la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE). La première organisation étudiante de France enregistre cette année la plus forte augmentation de son indicateur du coût de la vie étudiante depuis sa création, 20 ans plus tôt : + 7,38%. Le baromètre de l'UNEF est lui aussi au rouge : selon ses données, le coût de la vie étudiante augmenterait de 6,47% par rapport à 2021, un chiffre que le syndicat met en parallèle avec celui de l'inflation sur les douze derniers mois (6,1%). Dans l'ex Basse-Normandie (Calvados, Orne et Manche) cette rentrée 2022 aura aussi un goût amer pour bon nombre d'étudiants.
Des disparités entre les villes étudiantes
La Fédération Campus Basse-Normandie (FCBN), qui fédère 17 associations étudiantes sur les trois départements, a sorti, comme chaque rentrée depuis huit ans, sa calculatrice et les chiffres ne sont pas bons. En moyenne, les étudiants devront débourser 85 euros de plus que l'an dernier pour le seul mois de septembre. Une moyenne qui cache des disparités entre les principales villes de la région. L'augmentation de l'indicateur du coût de la rentrée élaboré par la FCBN varie entre 3,18% pour Alençon et 4,40% pour Cherbourg.
Cet indicateur comprend deux postes de dépenses : les frais de vie courante (logement, nourriture, transport) et les frais spécifiques à la rentrée (inscription, assurance logement et santé, matériel pédagogique). "Globalement, ce que l'on constate, c'est qu'il y a une forte augmentation sur tout ce qui est produits de la vie quotidienne, ce qu'on appelle les consommables (+5,20% pour les produits de première nécessité)", indique Oshen Samson, la présidente de la Fédération Campus Basse Normandie, "Ce sont des dépenses qui se ressentent fortement avec l'inflation qui touche tous les corps de la population." Si le prix des abonnements des transports en commun reste stable par rapport à 2021, les étudiants voient tout de même leurs frais de déplacement augmenter (+3%) sous le coup de la flambée des prix à la pompe.
Autre poste qui pèse dans le budget de la vie quotidienne : le logement. Et dans ce domaine, tous les étudiants ne sont pas logés à la même enseigne. Si les loyers et charges n'ont augmenté que de 0,22% à Caen, ils ont bondi de 5% à Cherbourg. "Cela peut s’expliquer par une augmentation de la demande suite à une explosion de création d’emplois, parallèlement à une offre locative qui stagne", estime la Fédération Campus Basse-Normandie.
Les frais spécifiques à la rentrée augmentent encore plus fortement
Si la hausse des dépenses de la vie quotidienne ne constitue pas en soi une surprise au regard de l'inflation qui sévit depuis plusieurs mois, cette augmentation se fait encore plus sentir sur les frais spécifiques à la rentrée (+4,94% en ex "Basse-Normandie"). Les frais d'inscription restent stables mais la Contribution de vie étudiante et de campus, indexée sur l'inflation (comme le stipule la loi), progresse de plus de 3%. Les assurances, et notamment la complémentaire santé (près de 4%) pèsent également davantage sur le budget des étudiants cette année, conséquence du déploiement du reste à charge zéro et des efforts consentis par les mutuelles durant la pandémie. Mais la palme revient assurément au matériel pédagogique dont le prix a bondi de 13,66% en un an. "Cette hausse (...)
est due entre autres à la crise sanitaire qui a fait flamber le coût des matières premières, mais aussi à la hausse du prix des carburants pour leur transport."
Des aides jugées insuffisantes
Comme chaque rentrée, ces indicateurs permettent aux différentes organisations (syndicales ou non) de porter leurs revendications et d'alerter les pouvoirs publics sur la précarité de la population étudiante. "Actuellement, on a à peu près un étudiant sur deux qui est obligé de se salarier au cours de ses études pour subvenir à ses besoins", rappelle Oshen Samson, la présidente de la Fédération Campus Basse Normandie. La crise sanitaire a accentué cette précarité. Et l'inflation, engendrée en partie par la guerre en Ukraine, rajoute de l'huile sur le feu. Pour tenter d'éteindre l'incendie, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures le 6 juillet dernier. Le maintien des repas à 1 euros dans les restaurants universitaires mais aussi le versement d'une aide exceptionnelle de 100 euros au mois de septembre. "Ce n'est pas ce qui va aider un étudiant ou une étudiante à survivre pendant douze mois" affirme Oshen Samson.
Autre mesure plus pérenne dans le temps, une revalorisation de 4% des bourses sur critères sociaux. Une hausse jugée insuffisante par les associations et syndicats étudiants qui rappellent que l'inflation était de 6,1% en juillet dernier (sur les douze derniers mois) et qui réclament surtout une réforme en profondeur du système. "On milite pour un système un peu plus linéaire", explique Oshen Samson, "Au lieu d'un système en escalier (par pallier de revenu), on verrait plutôt une courbe qui serait adaptée aux besoins de chacun et chacune. Aujourd'hui, à quelques euros de revenus près, des étudiants n'atteignent pas un pallier qui leur permettrait de bénéficier d'une centaine d'euros en plus." D'autres, comme l'UNEF, militent pour la création d'une allocation autonomie "d'un montant suffisant pour vivre". Cette allocation serait versée à tous les étudiants et serait calculée en fonction de leurs revenus propres et non de celui de leurs parents.