Le plan de déconfinement national annoncé, place à l'échelon local. A Caen, un conseil municipal extraordinaire doit se tenir le 7 mai, un conseil dont opposition et majorité se disputent la paternité et dont les modalités d'organisation divisent.
Ce mardi 28 avril, le premier ministre Edouard Philippe a présenté aux députés le plan de déconfinement national, un plan qui va désormais connaître des déclinaisons locales, en fonction des particularités de chaque territoire. A Caen, les mesures envisagées pour l'ex capitale de la Basse-Normandie seront présentées et débattues lors d'un conseil municipal organisé le jeudi 7 mai.
Le 24 avril dernier, douze conseillers municipaux d'opposition ont adressé un courrier officiel au maire lui demandant la tenue d'un conseil municipal pour aborder notamment les "Mesures et actions à mettre en oeuvre en vue de la levée du confinement". Selon Rudy L'Orphelin, conseiller municipal Caen Écologiste et Citoyenne, ce courrier fait suite à une demande répétée de l'opposition lors des conférences téléphoniques avec le maire organisées tous les lundis avec les présidents de groupe.
Partis mais toujours là
"C'est une période institutionnelle très particulière", souligne l'élu écologiste, "le maire se retrouve avec la quasi totalité des prérogatives municipales". L’ordonnance n° 2020-391du 1er avril 2020, qui réglemente le fonctionnement des collectivités locales durant l'épidémie de coronavirus, donne toutefois la possibilité à l'opposition de demander la réunion de "l'organe délibérant (....) la demande du cinquième de ses membres" (article 3).Cette période institutionnelle est d'autant plus particulière que certains conseillers municipaux, qui ne s'étaient pas représentés au scrutin du 15 mars dernier, comme Philippe Duron, Eric Vève ou Marie-Jeanne Gobert ont co-signé cette lettre et devraient assister à la réunion du 7 mai. "La loi sur l'état d'urgence sanitaire du 23 mars a prolongé le mandat des anciens conseillers municipaux", rappelle Rudy L'Orphelin.
"C'est un peu tard"
La date est désormais connue. Ce sera le jeudi 7 mai. "C'est un peu tard, c'est extrêmement rapproché du 11 mai", commente le conseiller municipal, "On aurait aimé un peu avant pour faire des ajustements". Et selon la mairie, l'initiative en revient à Joël Bruneau. Une version des faits qui diffère de celle de l'opposition. "Le maire n'était pas très chaud au départ", corrige Gilles Déterville, du PS, "Il estimait que l'information était suffisante."Pour autant, l'heure ne semble pas à la polémique. "C'est une bonne nouvelle", affirme Rudy L'Orphelin, "Ce qui m'anime c'est de parler de la situation sanitaire. Les écoles, les masques, les familles les plus précaires, les squats : il y a énormément de questions qui se posent aujourd'hui et qui ne sont que partiellement discutées les lundis. Là , on va pouvoir mettre des propositions très concrètes sur la table qui méritent d'être débattues."
"Pas d'esprit de revanche"
Selon Gilles Déterville, "il n'y a pas d'esprit de revanche, on ne joue pas un nouveau tour électroral". Et l'élu PS de revendiquer une démarche de dialogue. "Notre esprit, ce n'est pas de dire que tout va mal. Depuis que la crise a commencé, notre mot d'ordre c'est la responsabilité, soutenir toute initiative, se serrer les coudes. Mais ça n'empêche pas de faire des propositions. Et ce ne sont pas forcément des propositions de dépense."Reste toutefois un point de crispation : l'organisation de ce conseil municipal du 7 mai. Pour l'occasion, les élus vont se réunir dans l’hémicycle de l'agglomération Caen-la-Mer et non à l'Hôtel de Ville, pour s'assurer de distances de sécurité suffisantes entre les participants. Des masques et du gel hydroalcoolique seront fournis à chacun d'entre eux.
Un conseil municipal déconfiné avant l'heure
L'opposition plaide, elle, pour la visioconférence. "Moi, je n'ai pas envie de me rendre sur place", affirme Gilles Déterville, "Je vois mal des élus donner cet exemple alors qu'on demande à nos concitoyens d'être raisonnables, responsables. Surtout que la technologie permet de réunir des gens à distance aujourd'hui et qu'on n'est pas une petite collectivité. La Région fait des réunions de commission permanente en visioconférence."L'exemplarité, Joël Bruneau s'y réfère également pour justifier sa démarche. "Les caissières, les soignants, les personnels du CCAS et bien d'autres assurent, depuis le début de la crise, leur métier in situ", indique Joël Bruneau, "Les élus peuvent donc, avec ces mesures sanitaires (évoquées plus haut) participer à une réunion." La mairie ajoute qu'un dispositif alternatif par visioconférence sera proposé pour celles et ceux qui sont "fragiles".