Un square de 3000 m2 a ouvert ses portes en 2019 à Caen, au 106 rue Basse. Sa particularité ? Il a été conçu autour du toucher, de l’odorat et du goût afin de proposer un parcours sensoriel adapté aux déficients visuels.
Néflier, bouleaux, arbre aux mouchoirs, arbre au caramel… Au total 10 arbres de 7 espèces différentes ont été plantés dans le square au 106 rue Basse à Caen.
Ils ont été choisis pour leurs parfums et la texture de leurs écorces par l’association Latra, au service des personnes aveugles et mal-voyantes. « Les plantations permettent aux déficients visuels de reconnaître où ils se trouvent dans le parc grâce à l’odorat et au toucher », explique Mireille Bidault, présidente de l’association. Depuis, le lieu a été surnommé par les promeneurs, le "square Louis Braille", du nom de l'inventeur de l'écriture permettant aux mal-voyants de lire.
Se laisser guider par ses sens
Trois bacs pour trois thèmes. Tout près des tables de pique-nique, il y a de quoi agrémenter un casse-croute. Un bac accueille les plantes aromatiques. On y trouve de la menthe, du romarin, des fraisiers ou encore de la rhubarbe. « Se repérer grâce aux odeurs, c’est tout de même bien pratique », remarque Jacky mal-voyant âgé de 82 ans.
"Ca, c’est bien de la sauge ! ", lance fièrement Eliane Lamothe elle aussi déficiente visuelle. Chapeau de paille sur la tête (fortes chaleurs oblige !) et canne blanche à la main, cette quinquagénaire se promène à son rythme.
Quelques mètres plus loin, un autre bac contient quant à lui des espèces piquantes ou rugueuses… Réjouie, Eliane s’arrête pour toucher un feuillage "doux comme du velours"» : ce sont des oreilles d’ours, avant de se piquer sur du houx.
Un autre bac met davantage l’odorat en éveil. On y trouve des espèces de fleurs très parfumées comme les enivrantes immortelles corses. L’occasion de se laisser transporter jusque dans le maquis de l’Ile de beauté.
Un espace vert pour les mal-voyants
"L’aménagement a vraiment été pensé pour les déficients visuels", souligne Eliane. Les bacs surmontés de pierres sont suffisamment hauts pour que les végétaux se trouvent à hauteur d’homme. "Pour moi, c’est plus facile à ce niveau. Alors qu’au sol, les plantes auraient été trop éloignées de mes yeux", explique-t-elle.
"Des pancartes en braille" sont également installées près des différentes espèces végétales, précise Gilles Courbier trésorier du Latra et fondateur de l’association en 1994. Il ajoute : "on pourra profiter des odeurs mais aussi se renseigner sur les plantes".
Une fois les espèces sélectionnées, ce sont les lycéens de l’Institut Lemonnier qui ont planté et réalisé les murets en pierres, en guise de bacs à fleurs. Pendant trois jours, ces paysagistes en herbe ont retroussé leurs manches. "Cela nous a permis de travailler à la réalisation et au bon déroulement d’un chantier d’une grande envergure", raconte Bastien du haut de ses 17 ans.