Deux ans après sa descente en Ligue 2, le club vit au-dessus de ses moyens : les droits télé sont incertains, le marché des transfert est au point mort et les recettes de billeterie sont nulles. Malherbe va supprimer des postes. La baisse du salaire des joueurs est en discussion.
L'heure est à la restructuration, dans beaucoup de clubs, après une relégation. Et l'alerte de la DNCG, avant même le rachat du SMC par Oaktree et Pierre-Antoine Capton, ne laissait pas vraiment de doute sur les choix et les changements nécessaires à "la survie du club" en 2021.
Une bulle prête à éclater et un club au pied du mur
Les observateurs du football le prédisent depuis quelques années : la bulle spéculative du football pro est prête à éclater. Alors que le monde professionnel du ballon rond français tremble depuis le désengagement de Médiapro et les choix hasardeux de l'ancienne présidence de la LFP, la crise sanitaire et la billeteries vide des clubs plombent les trésoreries un peu partout. A cela s'ajoute le marché des transfert quasi à l'arrêt, cet été et encore plus cet hiver.
Un contexte valable pour tous qui s'ajoute à un autre gros problème pour le Stade Malherbe Caen : la quasi certitude depuis samedi dernier (et un match décevant contre Rodez), de ne pas pouvoir jouer la montée cette année encore. Remonter en Ligue 1, ça voudrait dire gagner plus en droits TV.
Or s'engager une troisième saison en Ligue 2, c'est un autre enjeu. D'abord, le choc à absorber est si prévisible pour les clubs relégués, que des dispositifs de compensation sont prévus par la LFP. Mais ils ne sont donnés que pour un temps (deux ans) et s'arrêtent en juin prochain.
Crise : 1,3 milliard de déficit, la Ligue 1 va exploser ! https://t.co/MJ8QGlYukN #Foot pic.twitter.com/gywWsQEnwB
— Foot01.com (@Foot01_com) January 27, 2021
Autant de signaux d'alarme qui a conduit le Stade Malherbe Caen au pied du mur. Depuis des semaines, les salariés redoutaient l'échéance. Mais on y est : le club n'a plus les moyens de continuer à vivre comme au temps des grandes heures de la Ligue 1. Il faut "se réorganiser." Et comme souvent, les coupes se font d'abord dans les services administratifs et supports.
20 postes supprimés à Caen
Ce lundi 25 janvier 2021, les salariés du clubs ont été avertis de l'ouverture d'un PSE, un Plan de Sauvegarde de l'Emploi. Une vingtaine de postes seraient supprimés.
Cette nouvelle organisation implique des évolutions, modifications et des suppressions de postes nécessaires qui permettront au Stade Malherbe Caen de poursuivre ses activités avec sérénité. Le club assurera ses engagements auprès de ses salariés et mettra tout en œuvre pour que chacun puisse trouver le projet qui lui correspond. Communiqué du SMC au sujet du PSE annoncé
? Communiqué du @SMCaen. #SMCaen #TeamSMC https://t.co/zKVXv8jKia
— Stade Malherbe Caen?? (@SMCaen) January 25, 2021
Quels services seront touchés ? L'administratif, le service marketing, la billetterie, la boutique, le centre de Formation (pépite du club, il est dans le top 10 français) ? Les discussions avec les représentants du personnel ne font que commencer.
Ouest-France, croit savoir que le déficit structurel avoisine les 15 millions d'euros, en l'état actuel des choses. Avec une masse salariale trop forte. "Selon nos informations, en 2019 (dernière année en Ligue 1), ces coûts avaient atteint un seuil record de 42 millions d’euros, dont 28 millions pour les charges brutes de personnel. Aujourd’hui, les coûts de structures seraient d’environ 27 millions d’euros, dont 12 millions de charges nettes de personnel", explique le quotidien régional.
Ainsi des joueurs en fin de contrat bientôt ou des jeunes sous contrat sans perspectives pourraient se voir indiquer la porte de sortie.
Les prochains contrats de "stagiaires pro", première étape avant le graal en fin de formation, seront certainement encore un peu plus difficiles à décrocher pour les prétendants.
Primes, salaires, bonus... les joueurs invités à faire un effort
Ce 26 janvier, au lendemain du "choc", les joueurs ont été reçus officiellement pour entamer une discussion, alors que l'ambiance n'est pas forcément au beau fixe.
Leurs contrats les protègent, mais chacun sait aujourd'hui, que des discussions sont inévitables dans un monde où la bulle spéculative est au bord de l'explosion.
"Le projet de réorganisation touche tout le club. On entame pour le moment une discussion syndicale avec les joueurs puisqu'il n'y a pas eu d'accord de de branche. L'UNFP, le syndicat national des joueurs professionnels encouragent les clubs à ce dialogue. On va leur exposer la situation et entendre ce qu'il peut être fait aujourd'hui à leur niveau ", explique Arnaud Tanguy, le directeur financier du Stade Malherbe Caen.
On va avoir une discussion ouverte. Je ne peux pas présager de ce qu'il va en ressortir. Pour les joueurs, il y a les salaires mais pas seulement. Il y a parfois des bonus variables ou des primes de matchs. Il faut qu'on discute pour voir dans quelle mesure les joueurs peuvent aussi contribuer et aider le club dans cette période difficile
La deuxième partie de saison ne fait que commencer. On devine déjà qu'il y aura de grands changements avant l'été.