Ecole à la maison : "La maîtresse part en live" et dévoile les secrets de ce conte de fée

"La maîtresse part en live" s'appelle Marie-Solène Letoqueux.Depuis le confinement, cette illustre inconnue est devenue la maîtresse la plus regardée en France et bien au delà.Les médias la présentent comme bretonne, mais elle a grandi en Normandie, à Bretteville-sur-Odon, là où est née sa vocation.

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C'est la magie d'Internet. En un simple coup de baguette ... ah non pardon de clic, nous sommes en 2020, Marie-Solène Letoqueux est devenue la reine des maîtresses 2.0, regardée quotidiennement par 96 000 familles, vivant en France, mais pas seulement.

"J'ai reçu une lettre de parents japonais, qui souhaitaient que leur enfant se familiarise avec le français", raconte t-elle, amusée.

Australie, New-York, Canada, Uruguay, Maroc, Algérie, Congo, sa boîte aux lettres virtuelle déborde de dessins et de messages de sympathie.

 



D'ailleurs, ses retours l'inspirent. Cette semaine, Marie-Solène et son fidèle p'tit loup font voyager les maternelles sur les cinq continents.

"C'était une manière de saluer tous les enfants qui nous regardent. A chaque fois, je prends un thème comme fil conducteur d'apprentissage. Avec les drapeaux, par exemple, nous voyons les couleurs, mais aussi les formes géométriques."

 

 

Le jeu, c'est primordial, avec les enfants. Jouer, passer du temps avec eux, leur parler, tout est source d'apprentissage. Pour le langage, je conseille aux parents d'utiliser des mots précis, comme "suce" au lieu de tututte, "cheval" plutôt que dada. Avec un jeu de l'oie, on va apprendre à compter par exemple. Il ne faut pas hésiter à les éveiller.


Et dire que l'émission "La maîtresse part en live" était destinée, au départ, à ses 26 élèves de l'école maternelle de Luitré-Dompierre, un village situé près de Fougères en Bretagne pour maintenir le lien avec ces petits poussins, âgés de 2 ans et demi à 4 ans. 

Son mari Ronan, producteur sur Youtube d'émissions de vulgarisation scientifique, lui glisse à l'oreille l'idée ... de se lancer. Mais pas n'importe comment.

 


Monsieur est professionnel, alors il peaufine les détails. Un décor, trois caméras, un réalisateur pour le direct, une amie pour les  illustrations, un autre pour le jingle, ça c'est pour la forme. Et pour le fond, Marie-Solène prend sa douce voix et déroule le programme en quatre parties : les rituels, l'histoire, un atelier et des comptines.

Le bouche-à-oreille devient viral sur la toile. Les médias relaient le phénomène et voilà comment en quelques semaines, Marie-Solène s'est fait un prénom, en devenant, la maîtresse de 3692 classes. 96 000 abonnés divisé par 26 = 3692, 3.

Son quart d'heure de célébrité dure, à tel point qu'une pétition est même lancée pour que la maîtresse 2.0 reste, après le confinement.

Le recteur de l'académie de Bretagne lui donne le feu vert et malgré la reprise des classes, elle continue. Coûte que coûte. Motivée par l'envie de transmettre au plus grand nombre et par les messages de reconnaissance des parents.
 


"Quand je reçois les photos des enfants, qui font les ateliers cuisine, comme les brownies, ou les activités, comme les drapeaux, c'est ma récompense et ça me procure beaucoup de plaisir de les voir s'amuser."
 

L'émission permet d'ouvrir la porte de la classe aux parents et de donner du sens à ce que nous pratiquons en maternelle. Nous ne faisons pas de la garderie, non. Nous sommes aux prémisses des apprentissages fondamentaux. Certains ne comprennent pas pourquoi nous faisons des puzzles par exemple. Les puzzles vont leur apprendre à se repérer dans l'espace et plus tard à se repérer dans les pages d'un livre. La pâte à modeler va leur muscler les doigts et ils en auront besoin pour utiliser ensuite un crayon. 


Marie-Solène Letoqueux a toujours aimé l'école et pourrait en parler pendant des heures. Ses admirateurs ne seront pas surpris d'apprendre qu'elle adorait se déguiser, enfant et ça n'a pas trop changé. Dans l'émission, elle apparaît souvent en coccinelle, magicienne, ou indienne, comme dans le programme d'aujourd'hui. 

 


Toute petite déjà, elle voulait travailler avec les jeunes enfants. Sa mère, infirmière puéricultrice, l'emmenait souvent avec elle à la garderie du Mémorial de Caen.

"J'ai toujours été avec des enfants plus petits que moi. J'ai vraiment eu la révélation quand je suis allée faire un stage, pendant les vacances scolaires, en troisième, dans la classe de l'une de mes tantes. J'ai lu des histoires, je préparais des ateliers, je découpais, je faisais du bricolage, ça a été l'élément déclencheur". 

Elle enchaîne ensuite les stages et raconte avec délice la fois où elle est retournée dans la classe de son ancienne maîtresse, à l'école à Saint-Paul, à Caen,"elle avait retrouvé une photo de moi petite parue dans Ouest-France, c'était rigolo."

 


Plutôt bonne élève, avec une prédisposition pour le français plutôt que pour les maths "c'était ma bête noire", Marie-Solène Letoqueux garde de bons souvenirs de sa scolarité au collège Saint-Pierre puis au lycée Jeanne d'Arc, à Caen.

Enfin presque. "les histoires de jalousie, les petites chamailleries, ça, ce n'est jamais drôle, encore moins quand on est enfant",  regrette-t-elle.

Etudiante en lettres classiques, elle travaille en parallèle, dans sa commune, à la garderie périscolaire de Bretteville-sur-Odon. Les enfants, les enfants, toujours les enfants. Et puis vient le concours.

Elle demande la Normandie et sera accueillie en Bretagne où elle commence sur les chapeaux de roue. "Quatre niveaux la première année, dans deux écoles différentes. CP/CE1 le lundi, des petites et grandes sections le mardi. Des moyennes et grandes sections, le jeudi et des CM1/CM2 le vendredi.


J'ai eu toute de suite plus d'affinités avec les maternelles. J'aime travailler une notion à travers le jeu, être en petits groupes et puis tout l'aspect affectif des enfants. 
 

 


La maîtresse semble bien s'amuser aussi. Elle s'est prise au jeu et ne préfère pas penser à l'arrêt de cette émission, qui l'a révélée aux autres et à elle-même. "Cela m'a redonné foi en mon métier, car mes débuts ont été difficiles et ça me conforte dans l'idée que c'était bien une vocation et que je ne me suis pas trompée." 

Marie-Solène commence à recevoir des propositions de la part de maisons d'édition reconnues et n'entend pas céder à la précipitation. Elle réfléchit.

"Je n'arrive pas à me projeter. Il y a tellement d'incertitudes. On ne sait pas comment se profilera la rentrée de septembre. En tout cas, je continuerai à exercer mon métier d'enseignante, quelle que soit la forme".

A huit ans, la petite Marie-Solène aurait sans doute ri de se voir ainsi exposée sur la scène médiatique. Ses maîtresses d'élémentaire avait coutume de dire à ses parents


Marie-Solène, c'est bien mais on ne l'entend pas beaucoup. Elle est réservée et très timide. Vous devriez lui faire faire du théâtre.


Le conte de fée aurait pu se terminer ainsi : "Bien lui en a pris, aujourd'hui, une ribambelle d'enfants l'attendent, à 15H, presque tous les après-midis". Mais si ce n'était qu'un début ?

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