Mathis a disparu depuis huit ans. Le jeune garçon, enlevé par son père, aurait 16 ans aujourd'hui. Sa mère va assigner l'Etat en justice. Un nouveau portrait est diffusé pour tenter de le retrouver.
On lui a enlevé en septembre 2011 un petit garçon. La photo lui renvoie aujourd'hui le visage d'un adolescent de 16 ans. "C'est un choc à chaque fois que j'ai une nouvelle photo, c'est le temps qui passe, huit ans ont passé et c'est compliqué." Pour la deuxième fois, Nathalie Barré a sollicité les services du National center for missing and exploited children, une association américaine travaillant avec le FBI. Comme en 2015, elle a réalisé une portrait de Mathis "vieilli", une simulation de ce à quoi il pourrait ressembler aujourd'hui.
Ce portrait va être d'abord transmis à interpol. Il sera également diffusé sur les réseaux sociaux, sous forme d'affiches et d'autocollants par le comité de soutien à Mathis. Mais l'idéal selon Nathalie Barré et son avocate, ce serait "un appel à témoins national avec les magistrats en charge du dossier pour réveiller des souvenirs auprès d'un maximum de personnes". Un appel à témoins que les deux femmes disent attendre depuis quatre ans maintenant.
Asssigner l'Etat en justice
Pour faire "faire bouger les choses", elles ont décidé d'attaquer la justice...en justice. "Nous avons décidé d'assigner l'Etat, c'est à dire de lui faire un procès, pour dysfonctionnement du service public de la justice. Il y a eu des retards, des carences, des choses qui sont totalement anormales", dénonce Maître Aline Lebret, "On a notamment fait disparaître des scellés, des éléments de preuve, des pièces sur lesquelles on peut enquêter." Et de citer en exemple le camping-car de Sylvain Jouanneau , le père de Mathis, vendu aux enchères.Si l'Etat est condamné, Nathalie Barré sera indemnisée. "Mais ce n'est pas le but", souligne l'avocate de Nathalie Barré, "On demande que cette photo soit diffusée au niveau national, qu'il y ait une conférence de presse. C'est quand même pas très compliqué à organiser. Nous, parties civiles, on ne peut pas le faire, pas simplement comme pourrait le faire le procureur de la République ou le juge d'instruction. Il faut mettre en relation la photo de Mathis avec un numéro de la police nationale, un numéro vert, et des enquêteurs qui doivent être prêts, derrière, à recevoir les témoignages."
Le père, Sylvain Jouanneau, veut lui aussi porter plainte
Sylvain Jouanneau, le père de Mathis, a été condamné en 2015 à 20 ans de réclusion pour l’enlèvement et la séquestration de son fils Mathis. Il compte lui aussi porter plainte mais contre les policiers en charge de l'enquête dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en 2014 contre X pour homicide. Il considère que les investigations de l'antenne caennaise de la police judiciaire sont menées à son encontre. Il tente d'ailleurs d'obtenir le statut de partie civile dans ce dossier, un statut que lui a retiré le juge d'instruction en février dernier. Le père de Mathis a fait appel de cette décision.La cour d'appel de Caen doit rendre sa décision ce mardi 29 octobre.