Le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel doit être présenté en conseil des ministres le 27 avril. Il porte sur la formation professionnelle, l'apprentissage, l'assurance chômage mais aussi l'orientation qui serait confiée aux régions.
C'est l'un des nombreux chantiers lancés par le gouvernement d'Edouard Philippe. Le 6 avril dernier, la ministre du travail Muriel Pénicaud présentait les grands axes du projet de loi "Pour la liberté de choisir son avenir professionnel". Le texte, transmis au Conseil d'Etat, sera présenté en Conseil des ministres le 27 avril prochain avant de passer à l'Assemblée nationale. Il entend réformer la formation professionnelle, l'apprentissage, l'assurance chômage mais aussi l'orientation.
L'article 10 du projet de loi stipule ainsi que "la région organise des actions d'informations sur les métiers et la formation en direction des élèves et des étudiants, notamment dans les établissements scolaires". Ce sont donc désormais les Conseils régionaux qui assureraient l'information en matière d'orientation. Les Centres d'information et d'orientation (CIO) fermeraient alors leurs portes d'ici 2019. L'ONISEP (Office national d'information sur les enseignements et les professions) verrait également ses missions transférées aux régions. Ses personnels ont lancé une pétition pour s'opposer à son "démantèlement".
Pour les syndicats, cette réforme marque la fin du "service public d'orientation". A Toulouse ou Amiens sont organisés des "CIO plein vent" pour sensibiliser la population. Les personnels des CIO serait transférés dans les établissements scolaires. Or les CIO, plaident leurs défenseurs, n'accueillent pas uniquement un public scolarisé. "C'est un lieu qui accueille un public non scolaire: des adultes en demande de reconversion, des demandeurs d'emploi, les jeunes handicapés mais aussi les "décrocheurs", un tas de public qui ne vient pas dans les établissements scolaires", souligne Catherine Blot, de l'Intersyndical SGEN-CFDT-FSU-FO-SUD. Ainsi, l'année dernière, parmi les 3000 personnes accueillies par le CIO de Caen, 31% n'étaient pas scolarisés.
Autre motif d'inquiétude, la nature des informations qui pourraient être délivrés en matière d'orientation. "L'idée c'est de voir toutes les options qui existent, de discuter avec la personne pour voir ce qui lui correspondrait le mieux, quelles sont ses craintes, ses attentes par rapport à tout ce qui est envisagé et après de la coacher sur les démarches à suivre", explique Stéphanie Lemesle pour décrire son travail de psychologue aujourd'hui au sein du CIO de Caen. Leq syndicats craignent que les régions cherchent aiguiller les "demandeurs" en fonction des besoins de l'économie locale et non de leurs aspirations.
Reportage d'Elise Ferret et Gildas Marie
Intervenants:
- Charline Sanson, élève de CAP service à la personne
- Stéphanie Lemesle, psychologue éducation nationale
- Catherine Blot, Intersyndical (SGEN-CFDT-FSU-FO-SUD)