Il y a quinze ans, le 24 septembre 2004 disparaissait Françoise Sagan, à Honfleur. L'auteure a eu un coup de foudre pour la Normandie à la fin des années 50. Son fils, Denis Westhoff, publie aux éditions Plon, "Les quatre coins du coeur", un manuscrit inachevé, qu'il a complété et préfacé.
Quinze ans après sa mort, l'auteure de "Bonjour Tristesse" nous salue encore, avec ce roman inachevé intitulé "Les quatre coins du coeur". Son fils, Denis Westhoff, suppose que ce manuscrit a été écrit en deux temps, au début des années 80 et des années 90.
Un manuscrit complété par son fils Denis Westhoff
Après la succession, son fils décide de s'occuper du patrimoine littéraire de sa mère. "Parmi cette montagne de papiers se trouvait ce livre qui était en deux parties. Au bout de quelques temps, j'ai lu ce texte et j'ai été très étonné par sa nature et son contenu. Celui-ci ne ressemblait à aucun autre."Ce manuscrit était inachevé. Il était en état de jachère, indique Denis Westhoff, qui l'a corrigé et complété : "Il y avait des passages, où il manquait des mots, rempli les cases, remis certaines choses en place mais je ne me suis en aucun cas permis de modifier le style et l'écriture. C'est purement le texte de ma mère."
Denis Westhoff, fils de François Sagan : "J'ai corrigé des passages où il manquait des mots, rempli les cases, remis certaines choses en place mais je ne me suis en aucun cas permis de modifier le style et l'écriture. C'est purement le texte de ma mère." #le79inter pic.twitter.com/codmWv193S
— France Inter (@franceinter) September 19, 2019
L'histoire des "Les quatre coins du coeur"
Le lecteur suit les pérégrinations amoureuses dans une famille bourgeoise de Touraine. Fils d'un riche industriel ayant fait fortune dans les légumes, Ludovic Cresson est victime d'un terrible accident de voiture - on pense évidemment à celui qui failli coûter la vie à la romancière en avril 1957.Marie-Laure, son épouse "sophistiquée et sans culture" dédaigne cet homme diminué. En revanche, sa mère, Fanny n'est pas insensible au charme de son gendre...
Dans la préface, Denis Westhoff le qualifie de "violemment saganesque. Il concentre en lui toute l'écriture de ma mère. Son esprit, son talent, son humour, sa liberté. Il a un très fort caractère".
Qu'en pensent les critiques littéraires ?
Pour les Inrocks :"L’écriture est si désincarnée que l’on peine à s’intéresser l’intrigue amoureuse qui suivra ; tout a l’air dépassé en 2019. Fallait-il publier ce texte inachevé de cette façon ? Ou plutôt le publier dans l’état dans lequel il a été retrouvé, afin que l’on puisse voir la manière dont travaillait la romancière - ses choix, ses ratures, ses manques, etc - ? Cela aurait été tellement plus juste."
L'Express :
"Comme souvent avec Françoise Sagan, ce n'est pas tant l'intrigue et le marivaudage que l'ambiance qui charme. (...) Alors, oui, lisons ce roman inédit et inachevé de Françoise Sagan"
Son seul bien sur terre ? Le manoir d'Équemauville, près de Honfleur
Françoise Sagan aimait dire que son manoir, à Équemauville près de Honfleur était "Son seul bien sur la terre". Leur histoire sera d'ailleurs épique et commence par un coup de chance.
La chance du numéro 8 : le 8/08/58 à 8h du matin, 80 000 francs
La romancière passe la nuit au casino de Deauville. A la roulette, elle mise sur le 8. Bingo. Elle empoche 80 000 francs et le lendemain, le 8 août 1958, à 8 heures du matin, elle propose au propriétaire du manoir qu'elle loue pour l'été de l'acheter. Il accepte.
Ce manoir devient son refuge. Elle y passe tous ses étés avec son fils Denis. Mais la chance va tourner. En voulant restaurer sa demeure, Françoise Sagan perd tout. Elle a besoin d'argent, se retrouve mêlée à l'Affaire Elf. Condamnée par la justice, ses biens sont vendus.
Heureusement, Sagan peut compter sur son amie, Ingrid Mechoulam, qui réussit à racheter le manoir. La romancière pourra en profiter les dernières années de sa vie, avant de s'éteindre, à l'âge de 69 ans, d'une embolie pulmonaire.