Après la défaite du SM Caen contre Saint-Etienne (1-2), Jean-Marc Furlan a ouvertement critiqué l'arbitrage du match. L'entraîneur malherbiste n'a pas été convoqué par la commission de discipline, au contraire de plusieurs de ces prédécesseurs.
Le week-end dernier, le Stade Malherbe Caen s'est incliné contre Saint-Etienne (1-2) pour le compte de la 6e journée de Ligue 2. La deuxième défaite d'affilée en championnat pour les Normands. Pourtant, après le match, le courroux des rouges et bleus, staff comme joueurs et supporters, était tourné envers l'arbitre de la rencontre, Abdelatif Kherradji.
Pénalty généreux sifflé en faveur des Verts, possible hors-jeu sur le deuxième but stéphanois, mansuétude envers les joueurs de l'ASSE, et potentielles fautes non sifflées en faveur des Caennais dans la surface de réparation adverse : à chaud, les griefs des Caennais étaient nombreux, et le sentiment d'avoir été floué par l'arbitrage omniprésent.
Par rapport avec ce qu’on a vécu avec l’arbitrage, ce fut très difficile et compliqué. L’arbitre était à fond pour Saint-Etienne, ça m’a contrarié.
Jean-Marc Furlan, entraîneur du SM Caen
La sortie du coach malherbiste devant la presse n'est pas surprenante, tant il est réputé pour son caractère bien trempé et son franc parler. La saison passée, alors entraîneur d'Auxerre, il avait été exclu par un arbitre pour un comportement déplacé. Limogé dans la foulée par l'AJA, il avait aussi écopé de trois matchs de suspension après examen de son cas par la commission de discipline. D'ailleurs, il était arrivé en Normandie encore suspendu, ce qui lui avait valu de ne pas pouvoir être sur le banc lors du premier match de la saison contre le Paris FC.
Va-t-il à nouveau être privé de banc après sa déclaration du week-end ? Visiblement, non. En tout cas, pas dans l'immédiat, puisque la commission de discipline de la Ligue ne l'a pas convoqué, alors qu'elle se réunit ce mercredi.
Avant Furlan, Garande et Dumas
En critiquant sans filtre l'arbitrage, Jean-Marc Furlan s'est placé dans la lignée de ses prédécesseurs sur le banc du SMC. En 2015, lors d'un match entre Caen et... Saint-Etienne, Patrice Garande avait signifié au 4e arbitre que son collègue au centre du terrain était "la plus grande truffe de l'arbitrage français". Immédiatement alerté par son assesseur, l'homme en noir visé, Bartolomeu Varela, avait exclu le coach caennais, qui avait ensuite été suspendu par la commission de discipline.
"J'aurais tué les petits poussins"
Mais Garande a de qui tenir, lui qui a été près d'une décennie adjoint de Franck Dumas à Malherbe. Les écarts de langage de l'ancien défenseur sont légendaires, et ses diatribes contre les arbitres aussi. "Ce soir, on s'est fait entuber par un arbitrage maison. Les vingt-deux acteurs ont eu du courage, du tempérament pour pouvoir jouer ce match, le seul qui n'a pas eu de c..., c'est l'arbitre" après une défaite à Nice en 2012. "C'est la première fois que je vois un devin qui siffle des fautes avant qu'elles n'arrivent", disait-il après une lourde défaite à Lille en 2010, poursuivant par "Il y a quelque temps, j'aurais tué les petits poussins". Cette tirade lui aura valu un passage devant le Conseil de l'éthique, un match de suspension et 2 000 € d'amende.
Dupraz plus subtil
Quelques années plus tard, le théâtral Pascal Dupraz prenait les rennes du SMC. Bien connu pour sa langue bien pendue, le Savoyard a plusieurs fois critiqué l'arbitrage subi par son équipe, tout en veillant à ne jamais franchir la ligne jaune, ou rouge.
Après un match pour remporter face à Orléans : "L'arbitrage était moyen, vraiment très moyen (...) On me tend un jaune et on me fait un geste comme si j'étais un chien. Je ne suis pas un chien !". Puis au sortir d'une défaite à d'Ornano contre Ajaccio, il avait fustigé "les attitudes fatigantes, condescendantes, agressives, arrogantes de l'arbitre. Il ne faut pas que j’en parle. Il faut que je me laisse flageller". Dans la même veine, sa déclaration après un nul à Auxerre : "Le trio arbitral a une large propension à nous faire sortir de nos gonds. On en vient parfois à ne pas tout comprendre, mais si j’insiste, je vais me faire sanctionner".
Daniel Jeandupeux plus mesuré que Thierry Roland
Quand on parle d'arbitrage en défaveur de Caen, impossible de ne pas repenser au scandale de Saragosse, lors de l'unique passage en Coupe d'Europe du club normand. La double confrontation de 1992 a été marquée par les décisions plus que litigieuses à l'encontre du Stade Malherbe. Commentateur du match pour TF1, Thierry Roland n'avait alors pas mâché ses mots en direct envers le Gallois Howard King et ses assesseurs. "Ah, j’ai rarement vu un trio de nullos pareil… Faudrait les empailler ceux-là".
A l'issue de l'élimination, le flegmatique Daniel Jeandupeux avait pointé les approximations arbitrales, sans toutefois se cacher derrière cette excuse pour justifier la contreperformance. "J'ai eu l'impression que l'arbitrage, sur les deux matchs, a été plutôt favorable à l'adversaire qu'à nous-même. Si le juge de touche avait été aussi coopératif à Caen qu'ici, on aurait peut-être gagné 3-1 au match aller. Un autre juge de touche qui jouait en face a empêché Rouissi, deux fois, d'aller au but. Ca fait partie du football, on ne va pas se plaindre".
Dernier gros scandale arbitrale en date, la défaite contre Dijon en septembre 2021. Caen s'était vu refuser deux buts valables, ainsi qu'un pénalty évident qui avait débouché sur l'expulsion d'Ali Abdi pour simulation. Olivier Pickeu, le président malherbiste avait alors fait irruption sur le terrain, retenu par ses joueurs. Exclu, Stéphane Moulin, n'avait pourtant pas chargé tant que ça le corps arbitral à l'issue de la rencontre, préférant demander que ces derniers soient aidés par l'assistance vidéo, en Ligue 2 comme en Ligue 1.