Les prévenus sont poursuivis notamment pour "déterioration du bien d'autrui en réunion". Parmi eux figurent des responsables de la FDSEA du Calvados : ils sont soupçonnés d'avoir pris part à une manifestation qui avait occasionné de gros dégâts le 14 août 2015 à Caen.
C'était au coeur de l'été, à la veille du week-end du 15 août, dans une ville presque en vacances. Après plus de 24 heures d'un blocus imposé à la préfecture, les agriculteurs décident de lever le camp. L'usage en pareil cas veut qu'ils ne repartent jamais avec des bennes pleines. Ce jour-là, ils déversent du fumier devant l'hôtel de la préfecture, et devant le magasin Monoprix (l'attitude du directeur avait été jugée "provocante" par les manifestants). En quittant Caen, ils font ensuite le détour par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), leur administration de tutelle. Le bâtiment est copieusement aspergé de lisier.
Au lendemain de la manifestation, ce reportage faisait état des dégâts :
L'addition de l'action des agriculteurs est salée à la DDTM
A la barre du tribunal, dix agriculteurs doivent répondre de ces dégradations, notamment Jean-Yves Heurtin qui était alors le patron de la FDSEA. Quelques jours après la manifestation, ce dernier avait d'ailleurs démissionné en critiquant ces débordements, ce qui avait occasionné de vives tensions au sein du syndicat.
Il faut dire que dès le lendemain de la manifestation, les services de l'état ont estimé les dégâts à "plusieurs centaines de milliers d'euros". Les locaux de la DDTM sont restés fermés pendant plusieurs jours, le temps pour une société spécialisée de nettoyer les bureaux qui avait été inondés sur deux étages. Il a fallu aussi remplacer le gainage électrique et changer quelques vitres. Et c'est "le contribuable" qui a payé la note, ainsi que le rappelait alors le patron de la DDTM qui faisait aussi observer que le traitement des dossiers d'agriculteurs en difficulté avait du être différé de plusieurs jours...
Dans un communiqué, la FDSEA et les JA du Calvados aportent cependant leur soutien aux prévenus."qui agissaient, écrivent-ils dans un communiqué, dans le cadre d’une action syndicale, pour alerter sur la détresse du monde agricole, à propos d’une situation difficile qui ne s’est pas améliorée depuis".