Après la plainte déposée par un jeune homme de 23 ans pour "violences volontaires par personnes dépositaires de l'autorité publique", le syndicat de police Alliance prend fait et cause pour ses collègues qui auraient été confrontés à un individu "extrêmement agressif". Une enquête est ouverte.
Que s'est-il réellement passé au petit matin du vendredi 26 mai à Caen, entre la rue Saint-Jean et la tour Leroy ? Les policiers se sont-ils livrés à des violences gratuites comme le prétend Jérémiah ? Ont-ils au contraire été amenés à user de la force pour interpeller un individu qui se montrait agressif comme l'assure le syndicat Alliance ? Une enquête délicate a été ouverte. Elle est pour l'instant confiée à la sûreté départementale.
"Quand vous vous opposez à la police, que vous refusez à un contrôle et que vous prenez la fuite, (...) les policiers doivent vous neutraliser" justifie Lydia Brillant, la déléguée Alliance du commissariat de Caen
Le syndicat précise dans un communiqué que ce vendredi 26 mai, les policiers sont confrontés à un individu dans un état de grande "excitation" qui "présente tout les signes de l'ivresse, il tient des propos incohérents, il sent l'alcool et se montre très arrogant".
Lydia Brillant, syndicat Alliance police
Alliance décrit donc une interpellation musclée due à un jeune homme qui tente de se soustraire à un contrôle : "un fonctionnaire tente de le retenir en le saisissant par le bras, c'est alors que M. Babatunde prend la fuite. Il est poursuivi et rejoint cent mètres plus loin par un adjoint de sécurité. L'individu se retourne et se montre extrêmement agressif envers notre collègue, tentant d'échapper au contrôle, l'obligeant à faire usage de gaz lacrymogène." Le communiqué du syndicat est moins disert lorsqu'il s'agit d'évoquer les gestes violents, se bornant à indiquer qu'il faut alors "la présence de trois fonctionnaires pour pouvoir neutraliser M. Babatunde".
"Coups de poing, coups de pieds, coups de taser"
Le récit de Jérémiah diffère sensiblement de celui du syndicat Alliance. Oui dit-il, il avait bu lors de sa soirée en boite de nuit. "J'étais joyeux" assure-t-il. Le jeune homme âgé de 23 ans assure que les policiers se sont dirigés vers un groupe d'une dizaine de personnes qui se trouvait sur le trottoir. "Ils ont demandé mes papiers, mais pas ceux des autres. J'ai montré ma carte d'identité, mais je n'ai pas voulu leur donner parce que j'étais le seul à être contrôlé. Puis j'ai senti une main sur mon épaule. Je me suis retourné et là, un policier m'a gazé".
Les yeux irrités par le gaz lacrymogène, le jeune homme prend la fuite. "J'étais paniqué, je ne voyais rien. Je me suis caché sous une voiture. Puis j'ai pensé que c'était fini. Je me suis dirigé vers la tour Leroy pour trouver de l'eau afin de me rincer les yeux. Mais je suis tombé sur d'autres policiers. Ils m'ont menoté, plaqué au sol. Je leur ai demandé pourquoi ils faisaient ça. J'ai reçu des coups de poings, des coups de pied, des coups de taser. Et ils m'ont jeté dans la voiture".
"Ils ont demandé mes papiers, mais pas ceux des autres. J'ai montré ma carte d'identité, mais je n'ai pas voulu leur donner parce que j'étais le seul à être contrôlé. Puis j'ai senti une main sur mon épaule. Je me suis retourné et là, un policier m'a gazé".
Au commissariat, Jérémiah se met à hurler. "J'étais dans une cellule, je ne voyais plus rien à cause des gaz, je saignais, j'avais mal partout". Les policiers le conduisent alors à l'hôpital. Un médecin consate des écchymoses, un œdème à l'oeil, et une large plaie au genou. "Ils m'ont ensuite ramené au commissariat. J'ai récupéré mes affaires et je suis sorti." Ses parents décident alors de porter plainte. "Je viens du Togo" explique son père. "Je suis un réfugié politique. Là-bas, j'ai subi des violences. J'ai fait venir ma famille ici pour qu'elle soit protégée par les autorités françaises. Je m'étonne que dans un pays comme la France, la police puisse avoir un tel comportement".
Le récit de Jérémiah :