Jardinage d'hiver. Que faire de ses déchets verts : nos conseils pour les valoriser et moins polluer

Ramassage des feuilles mortes, taille des haies, dernières tontes de gazon : il est encore temps de prendre soin de nos jardins avant l'hiver. Mais que faire de tous ces déchets, surtout pour ceux qui manquent de place ?

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Depuis le 10 février 2020, brûler ses déchets verts, à l'air libre ou dans des incinérateurs, est strictement interdit. Car, comme le rappelait la préfecture de l'Orne en 2022 : brûler 50 kg de déchets verts émet autant de particules que 13 000 km parcourus par une voiture diesel récente.

Heureusement, il existe bien des solutions pour éviter que les tontes de gazon et tailles de végétaux ne s'amoncellent au fond du jardin. Voici quelques astuces pour s'en débarrasser, éviter la corvée des trajets à la déchetterie et, par la même occasion, nourrir son espace vert.

Les déchetteries : à utiliser avec modération

C'est bien connu, ce qui prend le plus de temps, ce n'est pas de tailler sa haie, mais de se débarrasser des branches coupées. Et au lieu de profiter de votre jour de repos dans votre jardin, vous le passez à la déchetterie. Même si cela reste bien sûr possible, de plus en plus de collectivités incitent leurs habitants à penser autrement. Car l'élimination de ces déchets coûte cher. Pour la collectivité, mais aussi pour la Planète. Pensez au nombre d'allers-retours économisés, et aux gaz à effet de serre évités si vous valorisiez vos déchets dans votre jardin.

Pourquoi valoriser ses déchets verts ?

Au SEROC, Syndicat Mixte de Traitement et de Valorisation des déchets ménagers de la Région Ouest Calvados, les animateurs expliquent aux habitants les biens fondés du compostage. Un moyen 100% naturel de transformer ses déchets verts et alimentaires en fertilisant pour les sols et les plantes.

Pour un bon compost, il faut 3 doses de déchets alimentaires et 1 dose de carbone, par exemple des feuilles mortes.

Antoine Corbin, maître composteur et responsable du compostage au SEROC

Ainsi, les feuilles mortes vont servir d'engrais naturel aux arbres qui les ont perdues. Du simple bon sens pour Antoine Corbin. "On a complètement oublié qu’un sol, c’est vivant. Il faut le nourrir. Le compostage et le paillage sont essentiels."

Des feuilles mortes pour apporter du carbone, des tontes de gazon pour l'azote

Les feuilles mortes, en automne, et les tontes de gazon, l'été, font d'excellents couvre-sol pour les plates-bandes. Cela évite le désherbage et permet de garder l'humidité quand il fait trop chaud.

Ce sont aussi d'incroyables sources de nourriture. Les feuilles mortes sont riches en carbone. En les digérant, les micro-organismes présents dans le sol vont créer de l’humus. Mais ils ont aussi besoin d'azote, présent dans l'herbe. C'est cette alternance d'apport en carbone et en azote qui va nourrir le sol, "sinon les micro-organismes vont pomper l'azote dans le sol et ça va créer de la faim d’azote."

Dans un jardin, on ne devrait jamais voir la terre nue. C'est une terre en souffrance qui n’est pas nourrie.

Antoine Corbin, maître composteur et responsable du compostage au SEROC

La pelouse, elle aussi, a besoin d'être nourrie, et laisser les feuilles sur le sol est une bonne solution. Les tontes, trop fréquentes et trop courtes, fragilisent l'herbe qui a du mal à développer son système racinaire. "C’est pour ça aussi que les gens ont de la mousse ou des problèmes d’inondations. Car la mousse se développe sur des sols peu perméables à l’eau" explique Antoine Corbin.

Attention, pour éviter d'étouffer le gazon, il est préférable de broyer les feuilles. Tout comme les tailles de haies, qui, elles aussi, ont un réel intérêt pour le paillage, parce que les feuilles vertes vont apporter de l’azote et les branches du carbone. 

Mais tout le monde n'a pas les moyens d'acheter un bon broyeur, ou la place pour le stocker. 

Quelles solutions pour broyer ses déchets verts à moindre coût ?

Pour encourager leurs habitants à valoriser leurs déchets verts, certaines villes, ou groupement de communes ont choisi de subventionner l'achat ou la location de broyeur.

  • C'est le cas de la Métropole de Rouen qui subventionne à hauteur de 50% du prix d’achat, sous réserve du choix d’un broyeur électrique neuf ou reconditionné d’un montant minimum de 150€ TTC. L'aide est plafonnée à 250€.
  • L'agglomération Seine-Eure, elle, participe financièrement à hauteur de 50 % du prix d’achat d’un broyeur à végétaux (dans la limite de 150 € par foyer) et de 70 % du montant de la location d’un broyeur à végétaux (dans la limite d’une journée)
  • L'Intercom de la Vire au Noireau organise, elle, des opérations de broyage dans ses déchetteries au printemps et à l'automne. La dernière a eu lieu en octobre. Elle a permis de broyer 40 m³ de déchets verts, selon Clément Mariette, responsable des déchetteries de l’Intercom de la Vire au Noireau. 
  • Le SEROC (Syndicat Mixte de Traitement et de Valorisation des déchets ménagers de la Région Ouest Calvados), quant à lui, a décidé d'abandonner ce système de subventions. Selon Antoine Corbin, son responsable du pôle compostage, cela n'avait aucun effet sur les tonnages apportés aux déchetteries. 

Une simple tondeuse et un bon sécateur peuvent suffire

Selon Antoine Corbin, une simple tondeuse peut suffire à broyer les feuilles mortes. L'idéal, c'est d'utiliser une lame mulching qui va les couper plus finement. De même, "tout ce qu’on peut couper avec un sécateur va très bien se broyer à la tondeuse."

Les grosses branches peuvent être utilisées comme bois de chauffage. Entassées, elles vont servir d'abri pour la biodiversité, les oiseaux et les hérissons.

Ce qui compte, c'est d'arrêter de voir ces déchets comme des détritus, et apprendre à les utiliser.

Le SEROC organise d'ailleurs 3 conférences du 5 au 7 mars 2025 avec Denis Pépin, ingénieur écologue et agronome, pour informer les habitants sur ces pratiques de jardinage permettant d'éviter les transports en déchetterie. Il sera le 5 mars à 20h à la maison de la forêt à Montfiquet, le 6 mars à 20h à la salle Le lavoir à Noues de Sienne et le 7 mars 20h à l’Atelier à Villy-Bocage.

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