Connu pour ses désormais célèbres "Babolex", l'artiste contemporain normand Vincent Faudemer a été reconnu coupable de travail dissimulé et fraude fiscale par le tribunal correctionnel de Caen ce jeudi 27 juin 2024. Il était notamment poursuivi pour avoir exercé une profession commerciale malgré une interdiction judiciaire datant de 2017.
Vincent Faudemer est une fois de plus rattrapé par la justice. Le 7 mai dernier, l'entrepreneur-artiste était jugé par le tribunal judiciaire de Caen pour exercice d’une profession commerciale malgré une interdiction de gérer, travail dissimulé, fausse déclaration pour obtenir une allocation et fraude fiscale.
Une nouvelle condamnation pour "le petit prince de l'art contemporain"
Un mois et demi plus tard, la justice a rendu sa décision : reconnu coupable, il est condamné à une amende délictuelle de 40 000 euros, à une confiscation de 50 000 € de cryptomonnaie, et à une interdiction d'exercer quelque gestion d'entreprise que ce soit, ou de détenir une société pendant 15 ans.
L'artiste, ancien élève de l'école de management de Caen, n'est pas à son coup d'essai. En 2011 déjà, après trois ans d'activité dans la vente de quads et minimoto sur internet, le jeune entrepreneur est condamné par le tribunal de commerce de Caen, pour avoir encaissé à l'avance les prix de vente des véhicules, sans jamais les livrer. Le montant de l'escroquerie s'élève à plus de 600 000 euros.
Un grand procès en préparation ?
Le temps passe, les condamnations s'accumulent, mais ses méthodes sont toujours les mêmes. Ce jeudi, Vincent Faudemer comparaissait devant le tribunal correctionnel de Caen pour "l'affaire Babolex", ces œuvres d'art achetées en ligne et jamais livrées, mais aussi pour "l'affaire AlienX", une myriade de promesses dans un monde virtuel... jamais honorées. "Aujourd'hui, près de 250 personnes se disent victimes d'escroquerie de Vincent Faudemer dans cette affaire" confie Jean-Baptiste Boisseau, membre du collectif AVI et cofondateur du site Signale Arnaque.
Sur cette plateforme (Aide aux Victimes d'Influenceurs), les dossiers à charge s'accumulent et se ressemblent. "Initialement AlienX est un projet d'investissement. Un acheteur investit dans les NFT, avec le projet AllienX par exemple, il y avait la promesse de voir son investissement grandir et prendre de la valeur grâce à un certain nombre de choses faites par l'entrepreneur, donc Vincent Faudemer" explique Jean-Baptiste Boisseau. "Il devait y avoir un jeu mis en place dans ce monde virtuel. Les gens devaient pouvoir jouer et gagner de l'argent, grâce au jeu mais aussi grâce à la valeur croissante des NFT qu'ils avaient achetées" poursuit-il.
Il y a presque un effet gourou.
Jean-Baptiste Boisseau, membre du collectif AVI et cofondateur du site Signale Arnaque
Seulement ce jeu n'a jamais vu le jour. L'argent encaissé par Vincent Faudemer n'a jamais été investi dans le développement de son projet... et pourtant ses clients ne l'ont pas tous lâché. "Il y a presque un effet gourou" explique Jean-Baptiste Boisseau. "Pour échapper à des promesses non tenues, il fait de nouvelles promesses. Il prétexte un imprévu qui a empêché le précédent projet d'aboutir, et raconte qu'avec un nouvel investissement, le projet va pouvoir repartir. Beaucoup d'acheteurs se sont laissés prendre au piège de ce cercle vicieux. C'est une sorte de prise d'otage car le message subliminal c'est "si vous me lâchez et vous ne suivez pas dans mon nouveau projet, vous allez perdre votre investissement d'avant".
Parmi les plaignants, des profils divers. Femmes, hommes, jeunes ou moins jeunes. Tous se sont laissé séduire par le personnage public. Car Vincent Faudemer sait soigner son image. Salué par la critique, il fait la une de l'influent magazine "Technikart", il expose dans des galeries du monde entier, pose régulièrement sur les réseaux sociaux accompagnés de stars qui achètent ses Babolex...et est présenté dans un reportage M6 comme "le nouveau petit prince de l'art contemporain". De quoi donner confiance aux acheteurs, prêts à dépenser jusqu'à 15 000 euros pour un Babolex.
"Pourtant Vincent Faudemer a un lourd passif avec la justice" rappelle Jean-Baptiste Boisseau. "Il a été condamné à plusieurs reprises, il n'a pas répondu à ses obligations fiscales, il n'a jamais déclaré la TVA sur ses sociétés...mais c'est peu connu du grand public. On retient surtout les photos sur les réseaux sociaux".
Ce jeudi, Vincent Faudemer a été reconnu coupable des faits qui lui étaient reprochés et condamné à une amende délictuelle de 40000 €, à une confiscation de 50000 € de cryptomonnaie, une interdiction d'exercer quelque gestion d'entreprise que ce soit pour 15 ans, et une interdiction de détenir une société pendant 15 ans.