La mairie de Giberville affiche son opposition à la réforme des retraites et hérisse le Préfet

Depuis le 20 janvier, une banderole contre la réforme des retraites est suspendue sur la façade de la mairie de Giberville. La préfecture du Calvados a demandé à la commune de la retirer sous peine de poursuites devant le tribunal administratif. Le maire communiste n'entend pas obtempérer.

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Difficile de la louper. Sous la devise de la République française inscrite sur le fronton de la mairie de Giberville, une banderole d'un rouge vif attire immanquablement le regard. Tout comme le slogan énoncé en lettres capitales blanches et noires et le point d'exclamation pour enfoncer le clou. "La retraite (à) 64 ans c'est non !".

Installée depuis le 20 janvier dernier sur la façade du bâtiment, elle semble faire partie du paysage de cette commune, bastion de la gauche, de l'agglomération française. Difficile ce dimanche matin de trouver un habitant incommodé par sa présence. "C'est bien, c'est le problème de maintenant", nous explique une agente territoriale, qui ne se voit pas faire le ménage jusqu'à 64 ans, "J'estime que c'est le devoir du maire de faire voir qu'il est contre la politique actuelle." Un autre administré estime que "le maire a le droit de s'exprimer comme tout le monde, comme n'importe quel citoyen. On ne peut pas lui en vouloir d'avoir ses idées." Seul un monsieur, dans un sourire crispé, préfère ne pas s'exprimer. "J'en pense des choses mais je vais les garder pour moi."

Le coup de semonce de la préfecture

Le préfet du Calvados a lui aussi son opinion sur la banderole mais ne s'est pas privé d'en faire part au maire, à deux reprises, par courrier. Le dernier date du 17 mars. "L'affichage d'une banderole de revendication sur un bâtiment communal porte atteinte au principe de neutralité du service public", indique le représentant de l'Etat dans le département. Et d'ordonner au maire, Gérard Leneveu, de retirer l'objet du délit sous 24 heures, "faute de quoi, je serai dans l'obligation d'introduire un référé auprès du tribunal administratif". 

Plus d'une semaine plus tard, la banderole est toujours là. Et son décrochage ne semble pas imminent. Le maire de Giberville rappelle tout d'abord que cette décision émane du "bureau municipal" et fait part ensuite de son étonnement. "Ce n'est pas la première fois qu'on affiche clairement nos opinions sur des sujets majeurs", rappelle Gérard Leneveu, "On a déjà posé des banderoles par rapport à la fermeture de La Poste l'après-midi, par rapport aux droits des étrangers, par rapport à la privatisation des aéroports de Paris." Et pas une fois, selon lui, la municipalité ne s'est fait taper sur les doigts. Jusqu'à aujourd'hui.

Le paravent de la neutralité ?

"Le gouvernement et le préfet s'abritent derrière la neutralité. C'est un moyen de peser sur les élus, de les impressionner", estime le maire communiste, qui dénonce, en creux, une certaine hypocrisie. "J'ai été élu clairement "liste de gauche et rassemblement républicain", j'ai affiché la couleur. Je suis évidemment très loin d'être neutre. La population m'a élu en toute connaissance de cause (...) Il y a des municipalités de droite qui affichent leurs valeurs et on ne leur dit rien." Si le label "sans étiquette" a la cote dans bon nombre de petites communes, Gérard Leneveu rappelle également que "les maires votent pour les sénatoriales, chaque conseiller municipal exprime un choix politique".

Un baroud d'honneur

Maire de la commune depuis 2008, l'élu communiste a annoncé l'an dernier qu'il quitterait son poste d'ici quelques mois "pour des raisons personnelles". Pour autant, il n'entend pas laisser cet épineux dossier à son successeur. "Je considère que c'est mon cadeau de départ, comme dirait l'autre", plaisante Gérard Leneveu, avant d'ajouter plus sérieusement : "Je suis conseillé par un avocat mais j'envisage d'aller moi-même me défendre. C'est moi qui vais représenter la commune au tribunal administratif. Je n'ai pas envie de me faire bâillonner. J'ai toujours lutté contre les injustices et je trouve que cette réforme est complètement injuste."

Jointe par téléphone, la préfecture indique qu'elle demandera au tribunal administratif d'imposer à la commune une astreinte financière de 100 euros par jour tant que la banderole ne sera pas décrochée et ce depuis le 17 mars, date de la mise en demeure.

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