Un chercheur de l’université de Caen (Calvados) vient de démontrer l’efficacité de la méditation contre l’anxiété. Son étude prouve que méditer serait aussi bénéfique que de prendre des médicaments antidépresseurs. Une découverte qui peut changer la vie de millions de patients dans le monde.
C’est une première mondiale. Le professeur de psychiatrie à l’université de Caen Eric Bui a mené une étude révolutionnaire dans le monde de la santé mentale. En cas de trouble anxieux, la réponse la plus courante de notre médecine occidentale est le traitement médicamenteux. En clair, quand on est angoissé, on va voir le médecin et on en ressort avec des antidépresseurs.
Mais grâce au professeur Eric Bui, cette réponse pourrait changer, et devenir : "faites de la méditation". Le chercheur vient de prouver que c’est aussi efficace qu’un médicament antidépresseur, les effets secondaires en moins. Cette découverte est donc importante pour les personnes souffrant de troubles anxieux, mais aussi pour le système de santé publique, grâce aux économies qu’elle pourrait engendrer.
Cette étude qui est une première mondiale pourrait avoir des conséquences dans la prise en charge de millions de patients souffrant d’un trouble anxieux.
Eric Bui, chercheur en psychiatrie à l’université de Caen
Cette étude a été menée aux Etats-Unis par le chercheur caennais et une docteure américaine en psychiatrie pendant huit semaines auprès de 200 adultes souffrant de troubles anxieux. La moitié a reçu un traitement médicamenteux antidépresseur, l’autre a suivi un programme de méditation pendant huit semaines. Ces derniers devaient faire des exercices tous les jours chez eux, et suivre un cours en groupe une fois par semaine. Au terme des deux mois de l’étude, l’anxiété a diminué autant chez les patients des deux groupes.
Méditer : comment ça marche ?
La méditation, c'est une pratique sacrée ? Faux ! répond Eric Bui : "Bien que la méditation ait été historiquement associée à des pratiques sacrées, notamment dans la religion hindoue, les pratiques méditatives sont en fait des exercices physiques et mentaux qui n’ont pas besoin de s’intégrer dans une religion pour réduire le stress".
Par méditation, on entend un moment de concentration, qui peut prendre différentes formes : on peut porter son attention sur son souffle, son corps, ses sens, des mouvements… Ainsi, la prière, la relaxation, le yoga, la respiration, le Qi Gong, sont des formes de méditation.
"Les différentes traditions spirituelles et religieuses se retrouvent sur un point essentiel : issus d’une même Source, nous sommes tous frères et sœurs. Pour la science, nous partageons tous Lucie comme aïeule commune", explique Jean Doridot, psychologue et créateur de l'appli de méditation Zenfie.
La méditation est donc accessible à tous. Dans la conclusion de son étude, le professeur Bui soutient que "ce processus améliore la régulation des émotions et les patients deviennent moins réactifs aux pensées et aux sensations. En outre, la pleine conscience est pratiquée avec une attitude de non-jugement et d'acceptation qui, avec le temps, semble accroître l'acceptation de soi et l’auto-compassion."
Il n’y aurait donc que des effets positifs, aucun effet secondaire négatif, c’est gratuit… Qu’attendez-vous pour vous y mettre ? Du temps ? Oui, c’est bien cela, la méditation nécessite de vouloir prendre du temps pour soi, un peu chaque jour.
Méditer: Comment je fais ?
Une fois que l’on a compris que c’est bon pour soi, il faut passer à l’action. Mais concrètement, comment on fait pour se mettre à méditer ? Il existe de multiples possibilités pour sauter le pas : s’inscrire à un cours, individuel ou collectif, télécharger une appli sur son smartphone, trouver des tutos sur Internet.
Mais si l'on est stressé, impossible de méditer ! Faux ! Répond le professeur Bui! "Lorsqu’on est stressé, il est plus difficile de centrer son attention et donc effectivement de méditer. Cependant la méditation n’est pas une finalité mais un processus". C’est donc justement quand on est stressé que la méditation peut aider.
Le stress est donc une fausse bonne excuse pour ne pas s'y mettre. La méthode pour méditer s'apprend. L’objectif n’est pas de chasser ses pensées négatives, mais de les observer, de les regarder passer, "comme on regarde un nuage passer dans le ciel bleu".
L’important dans la méditation c’est de participer et pas de faire la méditation la plus parfaite possible. La méditation n’est pas une compétition. On ne gagne pas le grand prix de la méditation
Eric Bui, chercheur en psychiatrie à l’université de Caen
Parmi les sites et les applis de méditation, Petit Bambou, qui donne ce sage conseil pour s’y mettre : "Faites au plus simple. Avec ce que vous avez déjà. Pas besoin d’un endroit 100% calme, pas non plus du dernier coussin de méditation vu sur les réseaux. Vous avez besoin d’une seule chose pour méditer : votre présence."
Même si l'on n’y arrive pas tout de suite, et c’est souvent le cas, tous les experts soutiennent qu’il faut persévérer. Les effets viendraient au bout de quelque temps, à condition d’être régulier dans sa pratique. Alors, respirez, soufflez. Ca y est, vous avez commencé à méditer !