Le décès de Jacques Lewis a été annoncé par l'institution des Invalides dont il était le doyen. Ce vieux monsieur de 105 ans avait débarqué sur la plage de Utah Beach le 6 juin 1944. Il avait aussi pris part à la bataille de Carentan. "J’ai vu la place. J’ai vu la France. C’était un moment émouvant", disait-il simplement.
L'image a marqué les commémorations du 76e anniversaire du Débarquement. Le 6 juin 2019, dans une salle de l'hôtel de ville de Bayeux, le président de la République s'entretient avec deux vétérans français du DDay. À sa gauche, le Normand Léon Gautier. L'ancien du commando Kieffer est le plus disert. À la droite du président se tient Jacques Lewis, plus discret.
L'homme était d'un naturel discret. L'Élysée rappelle qu'il évoquait le Débarquement "avec une économie de mots". Il n'en a parlé qu'au "soir de sa vie, convaincu de n’avoir accompli que son devoir".
Comme Léon Gautier, Jacques Lewis n'avait pas accepté l'armistice signée en juin 1940 avec le IIIe Riech. "Traversant les Pyrénées à pied, muni seulement d'une boussole, arrêté à son arrivée en Espagne (..) il parvint à s'extraire de la prison de Pampelune, monta à bord d'un cargo libérien et entama la traversée de l'Atlantique sous les bombardements allemands", raconte l'Élysée dans son communiqué.
"Il parcourut les marais autour de Carentan avant l’assaut, de nuit et en pleine lune"
Jacques Lewis parvient à gagner Londres. Étant anglophone, il est intégré dans les rangs de la deuxième division blindée américaine du général Patton. Le 6 juin 1944, son unité débarque à Utah Beach. Le jeune soldat prend part à la bataille de Carentan, sanglante et déterminante.
"Ses qualités d’interprète le prédisposaient aux missions de reconnaissance. Une fois posé le pied sur le sol de la patrie, il parcourut les marais autour de Carentan et demanda aux habitants de cartographier les lieux, avant l’assaut, de nuit, dans un mouvement de marée, et en pleine lune, qu’il guida", raconte la présidence de la République.
🇫🇷 Un des derniers Français encore en vie ayant participé au Débarquement allié du 6 juin 1944, Jacques Lewis, est décédé à l'âge de 105 ans, a annoncé ce mardi l'Elysée. Le pensionnaire et doyen de l'Institution nationale des Invalides est mort le 25 juillet #AFP pic.twitter.com/pTSOoBRurS
— Agence France-Presse (@afpfr) July 30, 2024
Jacques Lewis se bat aussi aux abords de Saint-Lô, dans les Ardennes et en Allemangne jusqu'en 1945. Après la guerre, il est retourné à la vie civile, en laissant ses souvenirs de côté. Comme beaucoup d'autres vétérans, il n'a évoqué ses souvenirs qu'une fois la retraite venue.
Ces dernières années, il était un "passeur de mémoire", participant aux commémorations, conscient d'être un des derniers à pouvoir encore témoigner. Léon Gautier est mort l'année dernière. Jacques Lewis a rendu son dernier souffle le 25 juillet à l'âge de 105 ans. Emmanuel Macron et son épouse saluent "la figure d'un destin français pétri de courage et d'audace, qui préféra risquer sa vie plutôt que son honneur, et permit à la Nation de retrouver sa liberté".