Les personnels de l'Etablissement Public de Santé Mentale de Caen ont manifesté ce mercredi après-midi devant l'Hôtel de ville de Caen pour dénoncer de nouvelles fermetures de lit l'été prochain.
"Le soin, c’est un métier à vocation et là, ils sont en train d’écœurer tout le monde. Quand on fait ce métier-là, on a envie de bien s’occuper des gens et de leur apporter tout ce dont ils ont besoin. Là, actuellement, on ne peut pas. Il y a une grosse perte de sens au travail et on se demande ce qu’on va bien pouvoir faire pour changer les choses. C’est pour ça qu’on crie notre désarroi." Avec une vingtaine de ses collègues, Raphaëlle Demarquet, aide-soignante et co-secrétaire syndicale CGT de l'EPSM de Caen est venue tirer la sonnette d'alarme ce mardi devant la mairie de Caen.
A défaut d'une démonstration de force, de par leur nombre, c'est par l'image qu'ils ont souhaité frapper les esprits en s'allongeant par terre sur le parvis de la mairie. Les personnels de l'Etablissement Public de Santé Mentale de Caen ont récemment appris la fermeture de 25 lits dans deux services accueillant des patients du Pays d'Auge. "Un coup de massue." Ces 25 fermetures s'ajoutent à la vingtaine déjà supprimée l''année dernière. Raison invoquée : "une pénurie médicale".
Les personnels ont fait leurs comptes : ce sont près de 40 lits en psychiatrie qui disparaissent dans le département du Calvados. "L’EPSM de Caen couvre 70% de la population calvadosienne. Là, clairement, la population est en danger par manque de soins", dénonce Raphaëlle Demarquet, "Actuellement, on a déjà une trentaine de patients qui attendent une hospitalisation tous les weekends et ça embolise les urgences du CHU. Ce sont des patients qui attendent longtemps avant d’être hospitalisés."
Nouveau tram, nouvelles fermetures ?
La pénurie médicale invoquée par les autorités sanitaires, les personnels et leurs représentants l'imputent aux réductions budgétaires qui frappent la psychiatrie depuis plusieurs années : "à force d’être opprimés régulièrement sur nos conditions de travail, les gens s’en vont." Un rendez-vous est programmé au cours du mois d'avril avec l'ARS (Agence Régionale de Santé) pour faire le point sur la situation de l'établissement. Mais pour les manifestants, ce rendez-vous suscite plus de colère que d'espoir. "Un recrutement avait été fait pour avoir des médecins étrangers et l’ARS a mis son véto en nous disant qu'on n'avait pas suivi la bonne procédure. On a pu conserver un seul des quatre médecins (recrutés)."
Autre motif d'inquiétude pour les manifestants, le passage de la nouvelle ligne de tram sur le site de l'EPSM à l'horizon 2028. Selon leurs représentants, ce sont 25 nouveaux lits "au minimum" qui pourraient en faire les frais.