Un "convoi de la liberté", inspiré du mouvement des routiers canadiens, pourrait circuler ce week-end sur les routes de France. Opposés aux pass vaccinal et dénonçant le coût de la vie qui augmente, les participants souhaitent se rendre à Paris et Bruxelles. Plusieurs Normands prévoient le déplacement ou soutiennent l'initiative.
Les impressionnantes images des routiers canadiens protestant contre les contraintes sanitaires ont fait le tour du monde. Inspiré par le "Freedom Convoy 2022", en France également se prépare depuis quelques jours un "convoi de la liberté" en direction de Paris puis jusqu’à Bruxelles. Le rendez-vous est donné dans la capitale française le vendredi 11 février. L’information s’est notamment répandue sur Facebook. Un récent groupe rassemble déjà près de 280 000 personnes ce mardi 8 février.
Un déplacement dans le calme, pour Jean-Philippe
Des départs sont prévus partout en France mais aussi en Normandie comme à Cherbourg, Caen, Évreux, Le Havre ou Dieppe. Certains Normands ont donc prévu d’y participer, "dans un esprit bon enfant", assure Jean-Philippe*. Ce Caennais de 39 ans compte faire le déplacement jusqu’à Bruxelles avec des collègues. "On va avoir une banderole, peut-être des drapeaux, détaille-t-il. Mais uniquement quand on est à l’arrêt, en sécurité et en respectant le code de la route. Puis on va peut-être se déguiser". Si Jean-Philippe, marié et père de quatre enfants, parle d’un déplacement dans le calme, il reste très amer et en colère à cause des restrictions sanitaires :"personnellement j’ai été forcé de faire les trois doses de vaccin pour le travail, sinon j’étais licencié". Juste après avoir reçu sa troisième dose, Jean-Philippe a été testé positif au Covid. "Je trouve ça bizarre de nous faire vacciner trois fois et d’attraper la maladie". Jean-Philippe travaille dans la fonction publique hospitalière et précise : "Je suis totalement pour la vaccination d'avant le Covid. Je sais que cela a sauvé des millions voire des milliards de vies ces 100 dernières années".
Des revendications contre l'augmentation du coût de la vie
La Caennais reconnaît également ne plus avoir confiance dans les institutions. "Nous ne sommes même plus défendus par nos institutions. Le Conseil Constitutionnel valide un apartheid. Ma femme (NDLR : elle n’est pas vaccinée) n’a pas le droit d’aller où elle veut en France", s’indigne-t-il. Les participants du convoi de la liberté ne réclament pas seulement la fin des restrictions liées à la crise sanitaire.
Ce sont également les revendications mises en lumière par le mouvement des gilets jaunes qui resurgissent. "Le mouvement ‘convoi de la liberté’ est à mes yeux une résurgence du mouvement gilets jaunes de novembre 2018, un moyen de dire ‘marre de la vie chère, marre de la flambée du prix des énergies, du prix du caddie de provisions nourricières et du confort au minima’", détaille Bernard, habitant de Hérouvillette. Le quinquagénaire n’ira pas à Paris, même s'il soutient le mouvement, "car vu le prix du carburant ce n’est pas possible, sans compter le coût du péage".
C’est un ras-le-bol général de tout ce qu’a fait ce gouvernement et les gouvernements antérieurs. Mais celui-là c’est vraiment le pire
Jean-Philippe, participant au convoi de la liberté
De son côté, l’augmentation du coût de la vie, même s'il ne la subit pas autant que d’autres selon lui, Jean-Philippe la ressent au quotidien. "Ma facture d’électricité d’EDF est de 110 euros et je crois qu’elle a augmenté de 40 euros", note celui qui avait participé aux premières manifestations des gilets jaunes en 2018.
"Ancien gilet jaune et apolitique"
Bernard se dit proche du mouvement, en tant qu' "ancien gilet jaune" apolitique. Il ne se présente pas comme un anti pass vaccinal. "Je suis vacciné et je me suis inscrit dès le premier jour en ligne sur doctolib. J'ai mon pass vaccinal, j’en suis fier et je regrette que certains crachent dessus", explique-t-il. Bernard confie être optimiste et avoir "l’espoir que les choses changent".
Jean-Philippe, franco-britannique, envisage de quitter la France grâce à son passeport anglais. "Je ne vais pas rester dans un cauchemar où on doit se faire vacciner tous les trois mois. On ne voit pas le bout du tunnel", conclut-il.