"96% des jeunes filles sont excisées ici" : le Prix Liberté récompense une association qui lutte contre les mariages forcés et les mutilations

Ce mardi 30 mai, Hadja Idrissa Bah, la présidente du Club des jeunes filles leaders de Guinée, a reçu le Prix Liberté au Zénith de Caen ainsi qu’un chèque de 25 000 euros pour soutenir ses actions.

"La situation des femmes en Guinée est déplorable avec un taux de 96% des jeunes filles qui sont excisées et 50% des jeunes filles qui sont mariées de force et de façon précoce". En recevant le Prix Liberté 2023 ce mardi 30 mai au Zénith de Caen, Hadja Idrissa Bah, la présidente du Club des jeunes filles leaders de Guinée, a tenu à rappeler les conditions de vie alarmantes des femmes dans son pays. 

Depuis 2019 avec Greta Thunberg, le Prix Liberté, créé par la région Normandie, vise à récompenser une personne ou une organisation engagée dans un combat en faveur de la liberté. Cette année, 9 604 jeunes provenant de 76 pays ont voté pour les activistes guinéennes sur le site Prix Liberté. Les deux autres nommés étaient un réseau d'association ECPAT International qui lutte contre toute forme d’exploitation sexuelle des enfants mineurs dans le monde et Txai Surui, une jeune militante écologiste née au cœur de la forêt amazonienne. 

Devant 3500 jeunes lycéens, le jury international du Prix Liberté 2023 et des personnalités comme le Vice-Président de la Région Normandie chargé des lycées et de l'éducation, Bertrand Deniaud et Charles Norman Shay, vétéran amérindien, Hadja Idrissa Bah a exprimé sa "reconnaissance envers les jeunes votants à travers le monde". 

Ce prix s'accompagne également d'un chèque de 25 000 euros. Une belle reconnaissance donc pour cette association et sa fondatrice Hadja Idrissa Bah dont le parcours impressionne.

Victime d'excision à 8 ans, la militante choisit de s'engager auprès des femmes dès l'âge de 12 ans. Présidente du tribunal des enfants dès 15 ans, elle crée peu de temps après le Club des jeunes filles leaders de Guinée. Aujourd'hui, près d’une centaine de militantes portent le combat et la voix des filles à travers tout le pays.  

C'est un combat pour la liberté, pour l'appropriation de notre corps. Dans notre entourage, nous avons vécu pas mal de violence, de déscolarisation. Il fallait une organisation qui nous représente.

Hadja Idrissa Bah, présidente du Club des jeunes filles leaders de Guinée

Le Club des jeunes filles leaders de Guinée mène des actions de prévention et de sensibilisation sur le terrain. Grâce aux signalements, elle fait ainsi annuler chaque année le mariage de dizaines de mineures.

1 femme sur 5 victime de mariage forcé 

Les jeunes activistes plaident également auprès des autorités politiques, comme en 2018 auprès du premier ministre de Guinée, Ibrahima Kassory Fofana. Réceptif, le chef du gouvernement s'était alors engagé à accélérer la révision du code de l’enfance, en vue du passage de l’âge légal du mariage pour les filles de 16 à 18 ans. Promesse tenue. Le nouveau Code civil de 2019 fixe l’âge légal du mariage à dix-huit ans et érige le consentement mutuel des époux en un principe fondamental.

Le mariage des filles mineures reste une pratique très ancrée au sein de la société guinéenne. 63 % des femmes mariées de 20 à 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans. 

Dans le monde, 1 femme sur 5 est victime d'un mariage forcé selon l'Unicef. En France, plusieurs milliers de femmes sont également mariées de force chaque année. Quant à l'excision, cette tradition ancestrale est encore bien pratiquée dans notre pays. On estime que près de 60 000 femmes excisées vivent actuellement en France.

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