Les motards contre le contrôle technique : les raisons de la colère

Ce samedi 22 avril, la FFMC (Fédération Française des motards en colère) organisait dans une quarantaine de villes françaises, dont Caen et Evreux, des rassemblements de pilotes de deux-roues motorisés pour manifester leur opposition au contrôle technique. Un dossier sensible, dans les cartons du gouvernement de longue date. La mesure pourrait être mise en vigueur dès le second semestre 2023.

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De quoi est-il question ?


Cela fait longtemps qu’on en parle et aux dernières nouvelles, le contrôle technique pour les deux-roues motorisés devait entrer en vigueur au mois de juin. On parle à présent plutôt du second semestre 2023.
A l’automne dernier, le Conseil d’État instaurait la mise en œuvre du contrôle technique des deux-roues contre la volonté du gouvernement. Ce dernier doit désormais s’y soumettre, même s’il temporise. Le ministère des Transports organisait le 4 novembre dernier une première réunion de concertation avec les acteurs concernés pour prévoir la mise en place du contrôle technique pour les scooters et les motos dès la fin du premier semestre 2023.

Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé des Transports, les associations de défense de l’environnement et la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat) confirmaient alors la mise en place d’un contrôle technique pour les engins ayant des moteurs de plus de 125 cm3 ainsi que pour les petites cylindrées de 50 cm3.
Le ministère s’est engagé à actualiser le décret de 2021, abrogé à l’été 2022 - décision finalement annulée par le Conseil d’État  -, avant de publier un arrêté d’application pour définir les détails du dispositif (points de contrôle, périodicité, paramètres…).

Le gouvernement s’était engagé à ce que les textes afférents soient prêts avant fin 2022. Une consultation du public devait ensuite se tenir début 2023 pour une entrée en vigueur du contrôle technique à la fin du premier semestre de cette année. L’actualité de la réforme des retraites a-t-elle possiblement décalé les choses ?


 Côté Motards


La FFMC (Fédération Française des motards en colère), qui défend les intérêts des motards de longue date, est farouchement opposée à cette mesure et ne souhaite pas négocier avec le gouvernement sur cette question.

Pour expliquer son opposition à cette mesure que le gouvernement « veut imposer » (dixit la FFMC 14), plusieurs arguments sont avancés. Il y a l’argument économique, même si ce n’est pas le principal. Pour la Fédération, « c’est le racket de trop qui vient gréver le budget des 4 millions d’utilisateurs de 2RM (deux-roues motorisés) ».

Et puis, avance François Benard, coordinateur de la FFMC 14, « le contrôle technique est tout simplement inutile et injustifié », même si l’affirmation peut surprendre. Il s’explique en avançant des chiffres. « En 10 ans, le nombre de 2RM a augmenté de 30% et le nombre d’accidents a baissé de 19%. 3,9 millions de 2RM ne sont responsables que de 0,5% des émissions polluantes ». Et de défendre encore et encore la moto : « En fluidifiant le trafic, les 2RM contribuent à réduire la pollution. 10% de motos diminuent de 40% les embouteillages ».

Le rapport avec le contrôle technique est parfois lointain. Aussi, quand on demande à François Benard pourquoi, de la même manière que pour la voiture, on ne vérifierait pas ponctuellement l’état général des 2RM, il répond : « Cela ne sert à rien. 3% des accidents de moto sont causés par la défaillance de  l’infrastructure », en mettant en avant le mot d’ordre de la FFMC : « Occupez-vous des routes, on s’occupe de nos motos ». Le contrôle technique « n’apporterait rien en termes de sécurité ». Il serait « poussé depuis quinze ans dans les couloirs de la Commission européenne par les opérateurs assurant le contrôle technique », pour des raisons de prise de marché juteuse.
 

Du côté des centres de contrôle technique


Le son de cloche n’est pas le même ici, loin s’en faut. Sébastien Sonnet est responsable de 18 centres de contrôle technique Autovision dans la région normande. Pour lui, le premier problème est le flou artistique entourant ce dossier depuis longtemps : « Va-t-il réellement être mis en œuvre ? Quid du calendrier  depuis le temps qu’on en parle ? »

S’il voit l’initiative de la FFMC comme une « nouvelle tentative de mettre la pression au gouvernement », il explique que contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, « ce n’est pas forcément de gaieté de cœur que les centres de contrôle techniques accueillent la mesure ». 

« Le deux-roues motorisés est un sujet dangereux socialement et techniquement. On voit les tensions qu’il y a en amont. Il s’agit d’un sujet délicat, car on est moins bien protégé sur un 2RM ». Ce qu’il craint surtout, c’est la responsabilité des centres de contrôle technique lors d’accidents de la route. « Dès qu’il y a un accident arrivent les expertises. Les accidents en 2RM engendrent 8 fois sur 10 des dommages corporels ». Il évoque donc en filigrane le fait que les assurances puissent se retourner contre les centres de contrôle technique en cas d’accident et les risques économiques et en termes de responsabilités que cela peut leur faire encourir. 

Nous avons, pour faire un point à ce stade sur les éléments officiels, contacté le Ministère du Transport à ce sujet, sans succès.

Les rassemblements contre le contrôle technique se tenaient ce samedi 22 avril à Evreux à 13h sur le parking de l’ancien Leclerc CAËR. La FFMC 76  partait à 10h30 du rond-point du Zénith de Rouen pour rejoindre le cortège ébroïcien. A Caen, rendez-vous était pris à 14h à l’Esplanade du stade d’Ornano.  

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