"Les veilleurs de Caen", ce projet phare du Millénaire de Caen remporte un vif succès. La dernière séance d'inscriptions, en mai, s'est remplie en à peine 10 minutes. Alors qu'une nouvelle session s'ouvre, ce jeudi 1er août, découvrez ce qui fascine tant.
Participer à une performance artistique et humaine
Le concept a été initié en 2011 à Belfort par la chorégraphe Joanne Leighton, directrice artistique de la compagnie WLDN, qui parle d'une "performance participative".
Chaque jour, au lever et au coucher du soleil, un veilleur ou une veilleuse s'installe en effet, pendant une heure, dans un objet-abri, situé sur les remparts du château de Caen.
À la fin de l'expérience, 730 caennais, habitants des environs ou simple curieux, se seront relayés pour vivre, chacun à sa manière, "cette expérience poétique et sensorielle unique", explique la chorégraphe.
Est-ce le veilleur qui observe la performance de la ville ou le passant qui regarde la performance du veilleur ?
Joanne Leighton, directrice artistique de la compagnie WLDN
Chacun est invité ensuite à laisser " ses traces", comme une photo et un texte, décrivant ses impressions. Joël Bruneau, alors maire de Caen, a inauguré l'expérience le 21 mars, sous un ciel brumeux.
Il décrit, ainsi, avoir été marqué par " la différence croissante entre une rue de Geôle qui s’anime et l’immense quiétude du parc du Château où, entre deux tas de terre, on devine les futurs espaces arborés et où aussi on entend le chant matinal des oiseaux."
Si la démarche se veut intime, chaque veilleur ou veilleuse participe à la création d’une longue chaîne humaine. Leurs "traces" feront l'objet d'une publication, au moment de la clôture, où les 730 participants se rencontreront.
S'offrir un point de vue unique sur Caen
Aurore Piedeleu avait choisi le coucher du soleil, le soir du 25 juillet. "Je me suis amusée à observer cet étrange ballet, entre les personnes qui rentrent du travail et ceux qui partent faire la fête.
C'est un moment pour soi et à la fois un moment de partage avec les passants qui nous regardent et se disent "tiens, il se passe quelque chose là-haut".
Lucie Ledentu s'est levée tôt, le lendemain matin, pour admirer le lever du soleil, à 6H26. " En cette période de vacances, la ville s'éveillait. C'était très calme. Perchée en hauteur, j'ai pu observer un bal d'oiseaux. Je ne pensais pas qu'il y en avait autant.
C'est comme si on observait une image, assez peu animée. J'ai aimé découvrir des détails de l'architecture et admirer les nombreux clochers de Caen."
Observer les lumières
Lucie avait choisi le créneau du matin, exprès, pour admirer un lever de soleil radieux. Malheureusement, il faisait gris ce jour-là, ce qui ne l'a pas empêché d'en prendre plein les yeux.
Je ne m'attendais pas à voir autant de changements de lumière en une heure.
Lucie Ledentu, habitante de Caen
La veille, au soir, au moment où Aurore se tenait debout, dans l'objet-abri, il pleuvait. "C'était un ciel normand, mais ça n'a pas gâché l'instant, sourit cette infirmière anesthésiste, qui garde surtout de ce moment une connexion rare au présent.
"Cela ressemble à de la méditation en pleine conscience, sauf que nous gardons les yeux bien ouverts".
Profiter de l'instant présent
Aurore Piedeleu n'a pas choisi la date par hasard. C'était le jour de l'anniversaire de son fils.
J'ai d'abord repensé à tout ce qui s'est passé depuis ces seize années. Puis à ce présent tumultueux, entre le 80 ème anniversaire du débarquement et les élections législatives. Mais plus les minutes passent, plus on s'ancre dans le présent, dans l'immédiateté.
Aurore Piedeleu, habitante de Mondeville
Encore "enchantée" par l'expérience, elle a convaincu son mari et son fils de s'inscrire pour vivre cette contemplation, si rare, en ces temps modernes.
C'est tout l'intérêt de ce dispositif, qui nous invite à se retirer du monde pendant une heure. Privés de montre, d'appareil photo et de téléphone, les veilleurs s'offrent une parenthèse, en dehors du temps.
"Nous avons eu une réunion préparatoire, avant la veillée, avec l'équipe organisatrice. Nous avons fait des exercices pour nous mettre en situation de veille, comme par exemple, avoir les pieds bien ancrés dans le sol. Cela nous a aidés à rester debout et concentrés pendant une heure." précise Lucie Ledentu.
Informations pratiques :
Prochaines inscriptions, le jeudi 1er août, à midi sur le calendrier des veilleurs.