Une trentaine de personnes comparaissent devant le tribunal correctionnel de Caen pour un détournement de quatre millions d'euros. L'argent a notamment permis de financer un tournoi de football amateur. Le procureur n'a requis des peines qu'à l'encontre de cinq des prévenus.
Durant l'audience de ce lundi, le procureur de la République a comparé cette affaire au film "Arrête moi si tu peux" de Steven Spielberg. "Ça y ressemble beaucoup, à la fois sur la matérialité des faits et sur la personnalité du mis en cause." Au coeur du dossier, Sébastien L. , contrôleur de gestion au sein du groupe Défiviande Maxiviande mais également vice-président du club de football de Thaon. L'homme est poursuivi pour avoir détourné quatre millions d'euros au préjudice de son employeur. De l'argent dont une partie a servi à financer un tournoi de football amateur. Sur le banc des prévenus, on dénombre une bonne trentaine de personnes.
"Ce n'est que de la construction intellectuelle d'une partie civile qui veut en fait faire peser des amendes civiles et des condamnations pécuniaires au plus d'individus pour essayer d'obtenir un remboursement de fonds", s'emportait ce lundi Maître Thomas Hugues, l'avocat de deux prestataires sollicités pour l'organisation du tournoi de football, "C'est de la folie et complètement juridiquement erroné, il n'y a aucun argument juridique qui permet aujourd'hui de renvoyer ces 34 prévenus."
Et les réquisitions du procureur de la République ont d'une certaine manière conforté l'avocat, puisque seuls cinq protagonistes du dossier méritent, selon le ministère public, une condamnation. "J'ai essayé de faire une distinction entre les personnes qui avaient recelé en connaissance de cause et les personnes qui avaient "reçu" quelque chose de bonne foi sans trop savoir. Il m'ait apparu à la lecture du dossier et durant les débats que les personnes pour lesquelles j'ai requis une condamnation étaient receleurs. J'ai soutenu l'accusation pour certains, pas pour d'autres", expliquait Alain Zakrasjek, après l'audience.
Si le principal mis en cause a fait preuve d'honnêteté lors du procès et a formulé des excuses, le procureur a estimé que "la prison était nécessaire, que c'était une réponse justifiée dans l'intérêt de la société. La somme détournée est quand même conséquente et le préjudice causé, tant à l'image de certains, à la considération, et le préjudice financier sont énormes". Il a requis à l'encontre de Sébastien L, une pein de quatre ans de prison, dont 18 mois avec sursis, l'obligation d'indemniser ses victimes mais aussi l'interdiction d'exercer le métier de contrôleur de gestion.
Le magistrat a également requis des peines d'un an de prison avec sursis à l'encontre des trois associés de Sébastien L au sein d'une SCI et d'un ami d'enfance de l'intéressé.
Ce mardi, ce sont les avocats de la défense qui auront la parole pour défendre leurs clients.