Une femme sur huit en moyenne connaîtra un cancer du sein dans sa vie. Une maladie de plus en plus fréquente chez les plus jeunes. Pour préserver leur fertilité, beaucoup font le choix de faire congeler leurs ovocytes. C'est le cas de Léa Fortin, 28 ans, que nous avons rencontrée.
À à peine 28 ans, Léa Fortin est en pleine rémission. La jeune femme, qui vit au Mesnil-Simon dans le Calvados, vient de traverser deux ans d'un cancer du sein compliqué : "J'ai eu des écoulements du jour au lendemain, alors je suis vite allée consulter mon médecin traitant qui m'a redirigé vers l'hôpital où j'ai passé de nombreux examens et des biopsies".
Le verdict tombe : "Mes deux seins étaient atteints. C'était un vrai coup sur la tête que j'ai pris. J'étais avec ma mère ce jour-là, heureusement". Léa se fait opérer en octobre 2021 : "On m'a tout retiré et tout reconstruit. Mais j'ai rencontré un problème avec une des prothèses, j'ai eu une infection. J'ai dû attendre février 2022 pour commencer les rayons puis l'hormonothérapie que je suis toujours aujourd'hui".
Préserver sa fertilité en congelant ses ovocytes
L'hormonothérapie, un traitement que la jeune femme doit prendre pendant encore trois ans et demi pour éviter une rechute. Vu son jeune âge et pour se préserver d'une infertilité liée au cancer, elle a décidé de faire congeler ses ovocytes : "Lors d'une consultation on m'a parlé du prélèvement et de la préservation de mes ovocytes. J'ai tout de suite accepté. On m'offre la possibilité de ce projet de maternité après le cancer si je le souhaite". Elle ajoute la voix remplie d'émotion :
"Je pars du principe que le cancer est une phase de ma vie. Il y aura un après. Et ce sera mon choix d'avoir un enfant ou non et pas celui de la maladie".
Léa FortinPatiente en rémission
Comme elle, de nombreuses jeunes femmes atteintes d'un cancer font le choix de la ponction ovocytaire. C'est notamment le cas au CHU de Caen-Normandie, dans le Calvados, considéré comme l'un des deux centres experts de la région avec celui de Rouen, en Seine-Maritime.
La ponction des ovocytes, qu'on appelle également ponction folliculaire, est une petite intervention réalisée en ambulatoire. Sous anesthésie locale, les ovocytes arrivés à maturité dans les ovaires de la patiente sont prélevés sous contrôle échographique.
Une conservation à -175 degrés
Les cellules sont ensuite rapidement transportées dans un laboratoire où elles sont analysées par des techniciens, avant de procéder à leur vitrification en les immergeant dans de l'azote. "Les ovocytes sont conservés dans des cuves de conservation à -175 degrés" nous explique Antoine Clergeau, chef du service biologie reproduction au CHU de Caen-Normandie. "Chaque tube concerne une patiente. Nous avons des registres qui indiquent où sont conservés les ovocytes". Ce dernier précise que :
"Il n'y a pas de durée de conservation. La seule limite, c'est la législation qui autorise l'utilisation des ovocytes jusqu'à l'âge de 45 ans pour les femmes".
Antoine ClergeauChef du service biologie reproduction au CHU de Caen-Normandie
1 femme sur 8 est concernée par un cancer du sein
Au centre hospitalier universitaire de Caen, 650 ponctions ont lieu chaque année dont une cinquantaine dans le cadre d’un cancer du sein : "Le cancer du sein est malheureusement de plus en plus fréquent, c'est le premier cancer chez la femme, une sur huit est concernée actuellement" nous explique le docteur Christine Denoual Ziad, cheffe du service gynécologie-obstétrique du CHU de Caen-Normandie.
"La ponction permet une préservation de fertilité pour ces patientes qui ne peuvent pas décider d'avoir une grossesse avec la maladie présente dans leur vie. On sait que le temps compte beaucoup pour l'horloge biologique chez les femmes".
Dr Christine Denoual ZiadCheffe du service gynécologie-obstétrique du CHU de Caen-Normandie
Conserver les ovocytes, une façon, pour les spécialistes, de permettre aux patientes de retrouver une vie normale de femme après leur cancer.