La CCI de Caen dressait ce lundi 25 janvier le bilan de ses équipements portuaires pour 2020, une année marquée par la pandémie de Covid-19. Si le trafic passager s'est effondré, les marchandises et, dans une moindre mesure, la pêche ont plutôt bien résisté.
"2020 a été une année dramatique avec cette pandémie, une année catastrophique pour tout le monde, pour tous les ports", déclarait ce lundi en préambule Michel Collin, le président de la CCI Caen Normandie, avant de nuancer ce sombre tableau en indiquant que les équipements portuaires de la CCI avaient "assez bien traversé" cette année. Car selon les activités (commerce, passager, pêche, plaisance), les situations sont très contrastées.
La grande victime de la crise sanitaire, c'est le trafic passager, en témoignent les quatre navires en hivernage prolongé (World Odyssey, deux navires du Ponant et le Barfleur de la Brittany Ferries) au Port de Caen, un hébergement qui "rapporte à la CCI mais beaucoup moins qu'un ferry qui embarque des passagers". Avec à peine 300 000 passagers en 2020 (deux tiers de moins qu'en 2019), les liaisons transmanche au départ de Ouistreham ont probablement enregistré leur plus mauvaise année. Comme le rappelait Antoine de Gouville, le directeur des équipements portuaires, la ligne transmanche (lancée en juin 86) avait transporté 377 000 passagers en 1987, sa première année pleine d'activité. La plaisance aura aussi souffert l'an dernier du confinement et de "l'absence de nos voisins britanniques" en témoignent les chiffres de la fréquentation : -31% à Ouistreham et -50% à Caen.
Des premières semaines post-brexit "plutôt légères"
Côté transmanche, 2020 a également été marquée par le Brexit ou du moins la préparation de cette échéance avec notamment "un travail énorme d'adaptation du terminal pour accueillir les camions". Selon la CCI Caen Normandie, cet investissement "lourd" a pour "objectif majeur" d'assurer la fluidité. "Pour l'instant, la mission est réussie", estime Gérad Delaunay, vice-président de la CCI Caen Normandie, "Mais les volumes sont encore très mesurés par rapport à une activité normale. Les gros volumes sont passés à partir de septembre quand les entreprise britanniques faisaient du surstockage. Les premières semaines post-brexit sont plutôt légères."
Le rétablissement des formalités douanières et des contrôles sanitaires ont nécessité l'installation d'équipements de contrôle pour les douaniers, de zones de stockage pour les camions descendants et l'aménagement d'un bâtiment pour le Service d'Inspection Vétérinaire et Phytosanitaire aux frontières (SIVEP). "Le site de Ouistreham est très qualifié pour les chevaux avec 13 box et nous avons reçu l'agrément européen", souligne Michel Collin, "la Normandie est une zone de transit importante pour cette activité."
Un trafic "satisfaisant"
La contraction de l'activité se retrouve également sur le transport de marchandises sur le port aval où sont assurées les liaisons transmanches. "Concernant le tonnage, les pertes, tout en restant limitées (-9,6 %), atteignent un niveau
qui n’avait plus été atteint depuis 2002 avec 2,38 millions de tonnes." Mais la situation est radicalement différente sur le "port amont" avec une progression de l'activité de plus de 20%, une activité portée en premier lieu par les céréales (369 251 tonnes et + 13,52%) et les engrais (94 390 tonnes et +28,39%). Un trafic jugé "satisfaisant" par la direction de la CCI de Caen et des équipements portuaires. "Ce n'est pas un record mais c'est une bonne année."
Le bilan est presque similaire concernant la pêche. Si sur Port-en-Bessin (première criée normande) et Grandcamp-Maisy, on observe en 2020 une baisse du tonnage entre 10 et 12%, la casse s'avère relativement limitée en fin d'année grâce à une hausse du prix moyen et "une débarque qui a bien repris au second semestre à la faveur de la saison de la coquille, malgré la fermeture des restaurants", une fermeture qui semble avoir plus impacté bulots et poissons nobles.
2020 a également été marquée sur Port-en-Bessin par le lancement d'un programme de modernisation de la criée (200 000 euros pour la rénovation des installations électriques et 330 000 euros pour la modernisation de l'usine à glace qui fournit tous les bateaux). Ce programme se poursuit en 2021 avec notamment un investissement de 500 000 euros dans deux nouvelles chambres froides "pour améliorer la qualité donc les cours". Un investissement qui intervient dans une période particulière. "Nous sommes inquiets sur le développement de la pêche dans un contexte de Brexit", reconnait le président de la CCI Caen Normandie.