Plusieurs rassemblements étaient organisés ce dimanche en Normandie pour rendre hommage à Samuel Paty, un enseignant assassiné vendredi dernier à Conflans-Sainte-Honorine. A Caen, plusieurs milliers de personnes ont défilé silencieusement.
Pas de banderole, pas de slogan mais un long silence, de la place de la résistance jusqu'à la place de la République. "Le message fondamental, c'est le recueillement, les condoléances à sa famille, on pense aussi à tous les collègues de la victime. Aujourd'hui, c'est essentiellement ça, le recueillement", explique Jérôme Adell, secrétaire général de de la FSU Normandie.
A l'initiative de ce rassemblement en hommage à Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie assassiné vendredi dernier à Conflans-Sainte-Honorine, le syndicat enseignant a bénéficié du soutien de nombre d'organisations syndicales dans sa démarche. Certains élus locaux ont fait le déplacement. "Il faut réagir parce que ce n'est pas qu'un problème d'enseignants. Je pense bien sûr au professeur qui a été tué mais je pense aussi à l'ensemble de la société. Il faut que tous on se relève, que tous on réagisse par rapport à cette situation. Tout le monde a le droit de penser, avec ses différences. Et la République garantit ça. C'est ça notre combat aujourd'hui", déclare Lionel Marie, le maire de Blainville-sur-Orne.
Des mots difficiles à trouver
Dans le cortège de 3 à 4000 personnes arpentant silencieusement les rues de Caen, certains sont venus en famille. "Pour moi, c'était important de montrer notre solidarité avec le corps enseignant, de défendre la liberté d'expression et de le faire avec mes enfants, de leur montrer que la liberté d'expression c'est important et que c'est important de défendre ces valeurs", explique ainsi une maman. "Les mots sont difficiles à trouver tellement cette situation est dramatique. On a vraiment envie de défendre la liberté, la liberté d'expression. On ne trouve pas les mots. On est complètement révolté", confie une infirmière.Dans la foule, évidemment, beaucoup d'enseignants. "La liberté d'enseignement est aussi fondamentale. C'est aussi une liberté d'expression. Nous sommes des agents du service public d'éducation. Nous respectons les programmes déinis par la Nation. Pouvoir exercer notre métier dans de bonnes conditions, c'est le minimum. Avant ce drame, notre collègue a été victime de plaintes de parents alors qu'il faisait simplement son travail", souligne Jérôme Adell.
Ne pas se résigner
Avec la mort de leur collègue, c'est toute une profession qui se sent menacée dans l'exercice même de son métier. "Ça voudrait dire qu'il y aurait certaines choses que je n'aurais plus le droit de faire sous pretexte que certains n'accepte pas que la République ait des valeurs, notamment de laïcité. Et ça, je trouve ça insupportable dans un pays comme la France, le pays des droits de l'homme et des libertés. Je souhaite vraiment qu'aucun enseignant ne se résigne à ne plus enseigner ce qui doit l'être, c'est à dire la laïcité, la liberté, l'égalité et la fraternité", s'insurge une professeur d'EPS dans un lycée professionnel "où c'est parfois difficile de faire accepter par les élèves un certain nombre de valeurs, notamment le respect des femmes, le respect de l'autre. Ce sont des valeurs qui ne sont pas toujours partagées et qu'on a pour mission de faire partager à tous".Le silence du recueillement ne semble pas effacer le désir de résistance, bien vivant. "C'est à nous en tant que personnels de l'éducation nationale d'avoir une position ferme et d'être sûrs de nos positions parce qu'on a un discours important. On forme les citoyens, sur tous les aspects de la vie : le savoir-vivre, le savoir-être, les notions républicaines. Si on ne peut plus parler de tout, il y a un gros problème", estime un laborantin en physique-chimie.