Peu connu dans sa Normandie natale, Nico Moreno est pourtant un DJ célèbre dans le monde entier. Alors qu'il vient de sortir l'édition vinyle de son album "You Can't Stop the Movement", rencontre avec celui qui s'apprête à jouer dans neuf pays différents en un mois.
À dire vrai, peu de non initiés au monde de la techno connaissent Nico Moreno. En revanche, dès que vous prononcez le nom du DJ d'origine caennaise à un fan de musique électronique de type hardtech ou rave, ses yeux s'écarquillent immédiatement.
Un phénomène mondial originaire de Caen
Pour preuve, son concert organisé pour l'ouverture de la saison du Cargö de Caen a été sold out en un temps record. "Nous avons annoncé le concert la veille de la mise en vente des billets, tout est parti en moins de neuf minutes, raconte Jérémie Desmet, le directeur de la salle de concert. Après, notre grande salle peut rassembler un peu moins de mille personnes, ce n'est rien par rapport à ce qu'il a l'habitude de faire".
En effet, ces dernières années, Nico Moreno a joué dans les plus grands clubs et sur les plus grandes scènes du monde, et a écumé les festivals techno les plus importants de la planète. "J'ai eu la chance de faire Tomorrowland, Awakenings, le Kappa Futur Festival, Les Ardentes... Et beaucoup de scène techno en Colombie, en Espagne, aux Etats-Unis". Celui qui vient de fêter ses trente bougies à la bougeotte.
Voir cette publication sur Instagram
Canada, Italie, Taiwan, Hongrie, Pays-Bas, Roumanie, Colombie, Mexique... La liste n'est pas exhaustive, ce n'est qu'un condensé des pays dans lesquels le DJ caennais a mixé cet été. "C'est les transports qui fatiguent le plus, parce que faire deux heures de set, c'est notre passion, jouer devant un public qui nous aime, c'est hyper cool !"
De Nico B le généraliste à Nico Moreno le DJ techno
Cet été, Nico Moreno a joué jusqu'à cinq soirs par semaine. En cette fin septembre, son manager lui a accordé une petite pause, l'occasion pour se ressourcer dans son appartement caennais avant de repartir pour une tournée de 13 dates en octobre aux quatre coins de la planète. "Quand on est DJ et producteur, on n'a pas de période creuse", relate-t-il, heureux d'enfin pouvoir vivre de sa musique, de sa passion.
Beaucoup vont dire que je fais de la hardtechno, mais ce n'est pas le style à proprement parler de ce que je fais sur scène. Dans la techno il y a différent styles comme de l'Acid, du gabber, de la psytrance, de la trace Goa, et moi, je fais un peu de tout ça, comme beaucoup de DJ de ma génération.
Nico Moreno, DJ caennais
Car comme beaucoup d'artistes, Nico Moreno est passé par une période de galère avant de percer. Au début des années 2010, certains l'ont connu sous le pseudonyme de Nico B dans les nightclubs branchés du Calvados. "J'ai commencé par jouer de l'EDM (electro-dance musique), du rap, du trap, de la musique US dans des clubs généralistes comme les Planches ou le Cosy Room".
Pendant cinq ans, il mixe des sons mainstream avant de prendre un virage techno. "On jouait toutes les playlists qui passaient à la radio, j'en avais un peu le ras-le-bol de la mentalité généraliste où il n'y avait pas trop de reconnaissance pour les DJ". Il se lance dans la production, et la techno lui tombe dessus un peu par hasard, à travers des amis. Il change de nom de scène, et devient Nico Moreno, en hommage à la partie maternelle de sa famille, d'origine espagnole.
Camion poubelles, Covid-19 et explosion planétaire
Pour autant, il est encore loin de "vivre de la musique", alors il enchaîne les jobs alimentaires. À la restauration succède la mise en rayon dans les supermarchés, puis le ramassage des poubelles. "Ce boulot-là m'a permis d'avoir toutes mes après-midi pour produire de la musique et tous les week-ends pour aller mixer. Je n'avais pas trouvé de meilleur compromis". En 2017, il a 23 ans et peut enfin se consacrer pleinement à la musique. Sa carrière décolle petit à petit, 2020 doit être son année, plus de 50 dates sont bookées à travers l'Europe, mais le Covid-19 lui coupe l'herbe sous le pied.
"Il a fallu tout annuler. Pas trop dépensier, j'avais mis de l'argent de côté donc ça allait". Enfermé chez lui, Nico Moreno commence à faire des lives sur Facebook. "Très vite, on a commencé à avoir pas mal de public qui nous regardait, et ça m'a apporté du plus finalement. Surtout qu'au sortir de la crise sanitaire, "les gens ont voulu faire la fête, et il y a eu un rebond de la techno".
Je me rappelle de la première soirée post-covid. C'était aux Pays-Bas, il y avait 10 000 personnes, on était 3 000 à avoir chopé le Covid, mais c'était une de mes meilleures soirées, on n'entendait même plus la musique tellement les gens criaient.
Nico Moreno, DJ caennais
Depuis trois ans, le Caennais vit un rêve éveillé. À l'étranger, on l'arrête désormais dans la rue pour prendre des selfies. À Caen ? "De plus en plus", sourit celui qui a enfin réussi à jouer devant ses amis et sa famille, au Cargö, début septembre, et qui aimerait maintenant organiser un concert au Zénith, "peut-être en 2025".
Voir cette publication sur Instagram
Son premier album You Can't Stop the Movement est sorti en avril dernier. Sa version vinyle vient tout juste d'être dévoilée alors que le DJ s'apprête à reprendre la route, les airs... et la mer. "En octobre, j'ai treize dates et j'enchaîne sur une tournée aux Etats-Unis, dont un festival sur un bateau, EDSea, de Miami aux Bahamas".
Après un concert dans une forêt au Liban, dans le théâtre antique d'Orange, voici une nouvelle expérience magique pour le DJ caennais dont la grande carrière ne fait que commencer.