Le plus gros lycée de Caen est bloqué depuis 4h45 ce mardi 14 mars 2023 par des lycéens, mais aussi par des syndicats. Après des blocages de ronds-points hier et en amont de l'appel à la grève générale mercredi, la jeunesse montre son envie de se mobiliser à son tour.
Ils étaient une trentaine dès 4h30 ce matin à installer le blocus devant le lycée Malherbe. Des lycéens inscrits dans ce lycée ou ailleurs, rejoints par plusieurs syndicats. A part le personnel de cantine et d'entretien, le mot d'ordre c'était de ne laisser entrer personne. Avec ses 2 000 élèves, cet établissement est le plus gros du Calvados et un symbole fort pris d'assaut dans ce contexte de réforme des retraites.
Les lycéens ont-ils le droit de faire grève ?
Sur le site du ministère de l'Éducation nationale, il est rappelé que non.
Le décret n° 91-173 du 18 février 1991 relatif aux droits et obligations des élèves ne prévoit pas l'exercice d'un droit de grève par les lycéens. En revanche, ce texte mentionne l'obligation d'assiduité aux cours.
Site du ministère de l'Éducation nationale
Il est même précisé que "des élèves participant à des mouvements de grève encourent ainsi le risque d'être sanctionnés pour défaut d'assiduité en fonction de ce que le règlement intérieur de leur établissement prévoit."
Mais pour les lycéens caennais présents ce matin, il était important d'entrer dans la danse. Cela fait déjà plusieurs jours qu'ils se rendent aux assemblées générales organisées à l'université de Caen, et ils avaient envie eux-aussi de faire entendre leurs voix.
Pourquoi la présence des syndicats à une grève lycéenne ?
Les syndicats sont venus soutenir les lycéens, à leur demande, ont-ils répondu. Selon des militants de Sud Education, par le passé, le lycée Malherbe a été le lieu de répression policière, lors de blocus. La présence des syndicats est également là pour rassurer les lycéens, et leur éviter d'être "délogés".
Ils rappellent aussi que plusieurs universités ont été débloquées par les forces de l'ordre.
Les lycéens n’ont pas le droit de grève, mais ils ont le droit de manifester.
Camille Dupont, Militant Sud éducation
Camille Dupont raconte aussi avoir vu certains professeurs de classes préparatoires inciter leurs élèves à forcer le passage ce matin, pour entrer dans l'établissement malgré le blocus. Certains lycéens nous ont rapporté avoir été choqués que des élèves passent par-dessus les barrières.
La présence des adultes, c'est aussi un moyen de rassurer pour que les jeunes s'autorisent à se mobiliser. Un professeur de l'Université de Caen, préférant garder l'anonymat, nous a expliqué qu'à l'université, les partiels ne porteraient pas sur des notions abordées pendant les mouvements de grève. Afin que les militants ne soient pas pénalisés.
Pourquoi la jeunesse se mobilise-t-elle?
La réforme des retraites, c’est la goutte de trop.
Une élève de Première
Autour de cette élève de Première, inscrite au lycée Malherbe, les autres acquiescent. Ils ont l'exemple de leurs aînés, et s'apprêtent à affronter Parcoursup, qui ne les enchante pas. Ils racontent aussi craindre la précarité étudiante et se disent inquiets pour leur avenir.
Ils comptent bloquer le lycée Malherbe toute la journée. Après, ils ne savent pas quoi faire. Pour leur part, les syndicats rappellent que c'est un mouvement de lycéens et que c'est à eux de décider de la suite.