Traitement controversé du coronavirus : le CHU de Caen teste la chloroquine depuis vendredi

La question d'un traitement controversé à base d'hydroxychloroquine, un antipaludéen, dont pour l'heure on ignore encore l'efficacité et l'inocuité divise la communauté médicale. Depuis vendredi, le CHU de Caen l'utilise, le dispositif va se déployer. 

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" Depuis vendredi, au delà de la polémique sur la chloroquine, nous l'utilisons, explique Damien Du Cheyron, responsable coronavirus au CHU de Caen où 7 patients sont actuellement accueillis en réanimation. Nous le faisons en notre âme et conscience, nous n'avons plus d'antiviraux. "


Il est même envisageable à terme que cette molécule puisse être donnée dès les symptômes graves de la maladie, avant la réanimation. 

 

Une montée en puissance progressive

 Dès cette semaine, nous devrions participer au programme Discovery, un essai clinique européen pour tester ce qui marche contre le coronavirus.  Quatre traitements au total : antirétroviraux, antiviraux et associations d'antiviraux  ainsi que l'hydroxychloroquine, cette molécule qui fait polémique. 

Le patient devra être volontaire, le traitement sera tiré au sort. 

Nous finalisons les dossiers et attendons les dotations. 


Ce programme est en place à Lille, Lyon ou encore Strasbourg, dans les CHU et autres structures hospitalières, des infectiologues, des pneumologues, des réanimateurs vont investiguer pour déterminer l’efficacité et les effets secondaires des 4 traitements. 


L'hydroxychloroquine, molécule anti palu, devenue polémique

La chloroquine fait polémique ces derniers jours. C'est une molécule, principe actif de médicaments contre le paludisme. Le professeur Didier Raoult qui dirige l'Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection de Marseille (IHU) l'utilise. Il affirme qu'avec cette molécule " le virus disparaît au bout de six jours". 
 

Didier Raoult affirme qu'il a soigné 24 malades atteints du Covid-19 avec de la chloroquine et que, six jours après, un quart seulement avait encore le virus, contre 90% pour ceux qui n'ont pas pris de chloroquine. 

 

Olivier Veran, ministre de la Santé, a annoncé samedi que cette molécule serait finalement testée.
 
Les résultats doivent être maintenant prouvés et étayés scientifiquement. Les tests n'ont été effectués que sur 24 patients, pour certains scientifiques, l'étude du professeur Raoult comporterait "des failles" , ils mettent en garde contre les effets indésirables de ce médicament.
 

Coronavirus : pour ou contre, dépistage et traitement à la chloroquine, le débat fait rage

Un traitement à la chloroquine et maintenant un dépistage de toutes les personnes "fébriles" : la méthode du Pr. Raoult, patron de l'IHU de Marseille alimente le débat. Sur Internet les pétitions circulent, des personnalités encouragent, tandis que d'autres dénoncent un scandale sanitaire.



Olivier Véran espère des résultats sous quinze jours. Si le test est concluant, la chloroquine sera proposée sans délai, promet-il. 
 
Désormais, l’équipe du Pr Raoult généralise le traitement à base de chloroquine à tous les patients positifs au coronavirus et dépiste chaque patient fébrile. 

 Conformément au serment d’Hippocrate que nous avons prêté, nous obéissons à notre devoir de médecin. Nous faisons bénéficier à nos patients de la meilleure prise en charge pour le diagnostic et le traitement d’une maladie. Nous respectons les règles de l’art et les données les plus récemment acquises de la science médicale.  


Ainsi le maire de Nice, Christian Estrosi, testé positif au coronavirus, a annoncé avoir recours au traitement à la chloroquine au CHU de Nice. Il  souhaiterait « que, dans les mêmes conditions, la médecine de ville soit habilitée à le prescrire ».

L’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) a administré il y a une semaine le traitement antipaludéen, l’hydroxychloroquine, à un peu moins d’une centaine de patients atteints par le virus. 

De son côté, le président américain Donald Trump a prédit un recours imminent à la chloroquine comme possible traitement pour les malades du Covid-19 après des résultats encourageants en Chine et en France.

La communauté scientifique en pleine ébullition

En France, des médecins dénoncent de faux espoirs de guérison. 

Interrogée dans le journal de 13h,  le docteur Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, a déclaré:

Ce qui se passe à Marseille est absolument scandaleux. Utiliser un médicament hors utilisation de mise sur le marché pour traiter le Covid-19 en exposant les patients à des complications, c'est en-dehors de toute démarche éthique

 

Qu'en dit-on en Normandie? 

Témoignage d'un médecin généraliste anonyme: 

Je le dis très clairement, si j'étais positif au Covid-19, je basculerai sous hydroxychloroquine, c'est une évidence à titre personnel. Je l'affirme. Et si je me retrouve en face de patients qui me le réclament et dont l'état le nécessite, j'agirai en mon âme et conscience. C'est dans notre code de déontologie. N'importe quel médecin peut le prescrire, on peut le faire. Je rappelle néanmoins qu'il ne faut pas pour autant faire n'importe quoi, nous parlons ici des formes graves. Par ailleurs, il ne faut pas créer de pénurie sur ces médicaments comme la plaquénine qui agit sur les lupus, il ne faut pas créer de rupture de stock 


Fréderic Leriche, président du Syndicat des Pharmaciens de l'Orne

 A titre départemental, nous n'avons pas noté pour l'heure de prescriptions massives de ces médicaments. Dans mon officine, j'en ai délivré à un médecin qui se l'est autoprescrit. J'ai eu quelques demandes de particuliers sans prescription, j'ai évidemment refusé de le délivrer.  Nous sommes en rupture de stock déjà sur ces médicaments! Le seul médicament que nous pouvons proposer aujourd'hui, c'est le paracétamol...


Marie-Astrid Piquet, hépatogastroentétogue au CHU de Caen: 

 Je n'ai pas d'avis à donner, attendons les résultats des tests en cours, la preuve scientifique doit être notre seule boussole


Antoine Leveneur, président de l'Union Régionale des Médecins Liberaux  (URML)

 Attendons les resultats des enquêtes mais tout bouge très vite, hier Raoult était un pestiféré puis on a appris que l'enquête était lancée. Honnêtement, les effets secondaires ne sont pas très importants avec la prise de ces médicaments...Mais le problème, si ça marche, ça va être les stocks! Je suis consterné, notre soi-disante 5 eme puissance mondiale est en fait un pays du tiers-monde! 


Tweet d'un medecin réanimateur au CHPC de Cherbourg, Bertrand Sauneuf ;
 

Le laboratoire Sanofi a annoncé mettre à disposition de la France plusieurs millions de doses de ce médicament, qu'il commercialise sous le nom de Plaquenil, pour pouvoir traiter 300 000 patients. Toutes les exportations de la molécule, pour anticiper une forte demande sur le territoire, sont annulées. 

Alors que certains gouvernements et/ou autorités de santé ont fait des demandes directes d'approvisionnement à Sanofi dans le contexte de l'épidémie de COVID-19, quelques autres ont simplement mentionné Plaquenil comme une option thérapeutique potentielle. Chaque situation locale est différente. Sanofi travaille avec les gouvernements locaux et/ou les autorités de santé qui ont demandé le médicament. Pour les gouvernements et/ou les autorités de santé qui ont officiellement demandé Plaquenil pour utilisation dans le cadre de COVID-19, Sanofi se tient prêt à offrir ce médicament où cela est possible.


Vous trouverez ici la liste des effets indésirables et contre-indications:  https://ressourcessante.salutbonjour.ca/drug/getdrug/plaquenil



D'après les derniers chiffres de l'ARS en date du 23 mars , 146 personnes ont  été hospitalisées dans la région Normandie, 511 personnes testées positives et 10 personnes sont décédées. 

"Le nombre de patients hospitalisés devrait aller en augmentant, nous allons accueillir à terme des patients du grand Est"  explique Damien Du Cheyron. 
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