Mardi 23 février, le groupement de défense sanitaire (DGS) a annoncé la présence de quatre cas de tuberculose bovine dans le Calvados. Les cheptels concernés vont être abattus par mesure de précaution.
Un sentiment mêlé de crainte et de tristesse était perceptible à l’autre bout du fil de la FDSEA du Calvados quand nous les avons joints pour confirmer la nouvelle. La tuberculose bovine est de retour et quatre cheptels sont concernés. Au total, ce sont près de 1000 bovins qui seront abattus pour endiguer la contamination.
C'est une terrible nouvelle. Entre les désinfections qui vont suivre et la reconstitution des cheptels, les pertes d’exploitation vont être très importantes et les aides financières ne suffiront malheureusement pas.
Pour son collègue et membre du DGS 14, Daniel Courval, qui suit de près le dossier tuberculose bovine depuis plus de 10 ans, l’abattage des bêtes est d’autant plus dramatique que les tests avant abattage"ne sont qu’à 50% fiables". "Il y a très rarement des cas vraiment positifs. Les tests qui mènent à l’abattage permettent de déceler des animaux douteux. On parle alors de petits douteux, de grands ou de très grands douteux. L’an passé près de 400 bovins ont été abattus suites à une suspicion appuyée. Au final, aucune bête n’était positive."
"Tout ça détruit des familles. Certaines travaillent depuis 30, 40 ans pour affiner la génétique de leur cheptel et tout est balayé. C’est d’autant plus dommage, qu’en Angleterre les élevages font avec. Le lait étant pasteurisé derrière ça ne pose aucun problème. Nos filières ne font pas preuve d’autant de bonne volonté. La France a misé sur une politique d’élevage sans tuberculose bovine, c’est comme ça, mais si nous avons des moyens financiers nous manquons de personnes de terrain pour être efficace", regrette-t-il.
Vers une explosion des cas ?
Les craintes sont d’autant plus importantes que les exploitations touchées ne sont pas toutes voisines. Si trois d’entre-elles situées autour de Donnay "sont épidémiologiquement liés à un cas détecté dans le secteur il y a deux ans. Deux cas sont voisins de parcelle", précisait Etienne Gavart, directeur du GDS du Calvados, le quatrième est lui niché entre Caen et Villers-Bocage.
Ce qui change et qui est inquiétant, est qu’auparavant les élevages touchés par la maladie n’étaient pas forcément les plus exemplaires. Cette fois, ils n’ont aucun comportement à risque, sont hyper professionnels et ils n’achètent pas d’animaux ailleurs pouvant apporter la maladie.
Une explosion des cas et une expansion de la zone couverte par la tuberculose sont par conséquent redoutés. Néanmoins, à ce stade, nul ne sait si les cas positifs repérés sont issus de la même souche, ni si la faune sauvage, vecteur privilégié de cette maladie, est impliquée.
Afin de répondre à ces questions au plus vite, le GDS a mis en place une surveillance approfondie de la faune sauvage, ainsi que des diagnostics de biosécurité et de conseils adaptés sur la zone impactée. Un réunion est prévue le 9 mars.
Daniel Courval espère y voir le préfet pour discuter régulation. "Les questions en suspens sont encore nombreuses, la régulation de la faune fait grincer des dents, mais il va falloir y penser et en parler. Les blaireaux pourraient être en cause et la population de ragondins et de corbeaux pose d'ores et déjà problème dans certaines zones, même si elle ne concerne pas spécifiquement la tuberculose bovine elle est vectrice d'autres maladies."