Cet hiver, 400 arbres ont été plantés près d'un laboratoire du CNRS sur le campus 1 de l'université de Caen. La journée internationale des forêts du 21 mars donne l'occasion aux scientifiques de rappeler combien les espaces boisés peuvent être précieux dans la lutte contre le réchauffement.
C'était un carré de pelouse, un "espace vert" qui jaunit en été dès qu'il fait chaud. Cet hiver, des camions ont livré 50 tonnes de compost et trois tonnes de fumier de cheval pour enrichir le sol. Le 10 février, une quarantaine de volontaires ont mis les mains dans la terre. Des étudiants, des enseignants et des chercheurs et CNRS s'étaient donné rendez-vous pour planter une forêt. Une mini-forêt.
Des doctorants du laboratoire de Morphodynamique continentale et côtière sont à l'origine de cette forestation. Ces universitaires sont spécialisés dans "l'étude des processus physiques dans les environnements continentaux et côtiers", aux premières loges pour observer les effets du changement climatique. Cette initiative prend tout son sens ce 21 mars à l'occasion de la journée internationale des forêts, lancée en 2012 sous l'égide des Nations unies.
Ils ont fait appel à l'association MiniBigForest Normandie qui a été créée en 2022 avec l'ambition de "planter des micro-forêts participatives, inspirées et inspirantes, dans les écoles et les quartiers des villes du Calvados, de la Manche, de l’Orne, la Seine Maritime et l’Eure".
MiniBigForest s'inspire de la méthode Miyawaki, du nom d'un botaniste japonais présenté comme étant "l'expert mondial en écologie appliquée à la restauration des forêts natives". Cette méthode s'appuie sur la complémentarité entre les arbres dans un espace réduit, avec des essences et des tailles différentes.
La forêt, un îlot de fraîcheur
À Caen, le choix s'est porté sur "le noisetier, le chêne, le troène, le houx, ou encore le groseillier" qui vont peu à peu donner naissance à un ecosystème. Les premiers résultats sont espérés dans six mois. Cette mini-forêt urbaine est "une réponse adéquate à la problématique des îlots de chaleur et de perte de biodiversité", explique Laurent Dezileau, le directeur du laboratoire de Morphodynamique continentale et côtière.
Cet espace boisé, même de petite dimension, doit en effet permettre de lutter contre les effets du réchauffement climatique "en offrant un îlot de fraîcheur".
Les arbres plantés permettront de réduire la température des bâtiments proches de deux degrés, tandis qu'au cœur de cette forêt, la différence de température pourra atteindre jusqu'à huit degrés. Cet environnement plus frais contribue directement au bien-être des étudiants, du personnel et de la faune locale, tout en réduisant la nécessité de climatisation artificielle.
Université de Caen Normandie
"L’objectif, à terme, serait de déployer plusieurs mini-forêts, ou d’autres projets de préservation de la biodiversité, sur la majorité des campus universitaires", ajoute Laurent Dezileau. "Les forêts inspirées de la méthode Miyawaki ont cette particularité qu’elles sont rapidement autonomes. On considère qu’à partir de la troisième année, de par leur densité et leur croissance, l’homme n’a plus à y intervenir," explique l'association MiniBigForest. En attendant, le laboratoire M2C lance un appel pour recruter des volontaires qui voudraient bien veiller sur cette forêt naissante...