Usine à hydrogène, plateforme logistique : ces projets qui inquiètent pour remplacer la sucrerie de Cagny

Deux ans et demi après la fermeture de l'usine, la sucrerie de Cagny est en train d'être démolie. La soixantaine d'hectares du foncier attise les convoitises, et les élus s'inquiètent des activités envisagées par les potentiels acquéreurs de la parcelle.

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Abandonnée par le groupe industriel Südzucker en 2021, la sucrerie de Cagny est en proie aux bulldozers. 72 ans après son implantation sur cette commune à l'est de Caen, la démolition est en marche. Le démantèlement des grands silos a commencé depuis plusieurs jours. Bientôt, il ne restera plus rien de l'immense usine sucrière érigée en 1951.

Pour les 82 ex-salariés licenciés en 2021, c'est un pincement au cœur. "Certains nous disaient que l'usine ne serait pas démantelée avant 2028, donc peut-être y'avait-il encore de l'espoir pour certains", confesse Loïc Touzet, ancien salarié. "Là, le fait de voir la grignoteuse arriver, c'est effectivement le début que l'avenir est fini (sic)".

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Début de la démolition de la sucrerie de Cagny Reportage Florent Turpin / Louison Fourment / Sophie Le Beon ©France Télévisions

400 000 euros de recette fiscale envolés

Un pan de l'histoire industriel calvadosien est en train d'être abattu. En 2019, la sucrerie de Cagny produisait encore 180.000 tonnes de sucre par an. Outre les 82 salariés et 70 saisonniers de septembre à février, elle faisait travailler un gros millier de planteurs de betteraves en Normandie, et les commerçants des alentours. Surtout, sa présence rapportait à Cagny 400 000 € de recettes fiscales. C'est dire si le manque à gagner est important dans les caisses de la collectivité. 

Depuis l'officialisation de la fermeture de l'usine, la ville et la communauté de communes Val ès Dunes cherchent un ou plusieurs repreneurs pour cette immense parcelle de près de 60 hectares. 

Le site intéresse beaucoup de monde, mais on ne veut pas faire implanter n'importe quoi. On veut protéger nos habitants, en ne renouvelant pas, par exemple, une industrie polluante et sonore comme c'était le cas de la sucrerie.

Eric Margerie, maire de Cagny (14)

Un acheteur s'est positionné pour reprendre le site industriel de 25 hectares, ainsi que sa partie agricole, estimée à une trentaine d'hectares. Dans son projet, une usine à hydrogène, mais aussi la possibilité d'accueillir une plateforme logistique de grande envergure. Selon nos informations, le groupe de transport Malherbe souhaiterait s'implanter sur ce site à l'emplacement stratégique puisqu'au bord de l'autoroute A13.   

Une zone déjà fortement impactée par le trafic routier

"On a peur de se retrouver avec une plateforme logistique qui nous ramènerait énormément de camions", redoute Eric Margerie. On en avait déjà beaucoup à l'époque de la sucrerie, on ne veut pas que ça redevienne la même chose". D'autant plus que la D613, ancienne route de Paris, est déjà envahie par le trafic des poids lourds, et régulièrement embouteillée aux heures de pointe. 

L'unique recours pour éviter cette issue est la préemption du terrain, un levier que seule la communauté de communes Val ès Dunes peut actionner. Actuellement, "l'idée est de travailler avec l'établissement foncier de Normandie pour sélectionner les repreneurs". À Cagny, on aimerait pouvoir réindustrialiser la parcelle avec des entreprises et de l'artisanat, et ainsi offrir du travail à une population encore meurtrie par la fermeture du fleuron industriel historique de la commune. 

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