Une grande majorité des salariés de l'usine Bosch de Mondeville, près de Caen, est en grève ce mardi 27 février 2024. Ils veulent signifier leur désaccord après la révélation des deux potentiels repreneurs de l'usine, qui ne leur inspirent aucune confiance.
C'est un nouveau pas vers la mort annoncée et programmée de l'usine Bosch de Mondeville (Calvados). De 1 500 salariés au début des années 2000, puis environ 700 en 2012, l'entreprise allemande n'emploie désormais plus que 500 personnes près de Caen. En septembre dernier, la direction a annoncé un plan de départs visant la suppression de 100 emplois.
Les potentiels repreneurs inquiètent les salariés
Quelques mois auparavant, le spectre d'une fermeture pure et simple en 2025 est même apparu, après que les salariés ont demandé un droit d'alerte. "Bosch nous a dit que ce n'était plus possible de continuer comme ça, explique Gilles Gassion, délégué syndical CFDT. Il y avait deux possibilités : soit on revend à une entreprise, soit c'est la fermeture totale du site."
Le cabinet Roland Berger, leader mondial du conseil en management, est alors missionné pour trouver un repreneur. Plus de 200 entreprises sont sondées, une trentaine étudiée, pour qu'au final, seulement deux soient proposées à la direction.
Annoncées lundi 26 février aux salariés, les identités de ces potentiels repreneurs ont conduit plus de 300 travailleurs à se mettre en grève.
Aucun des deux ne nous paraît crédible, mais pas pour les mêmes raisons. D'un côté, on a de vrais industriels dont le projet est encore fragile, et de l'autre, des financiers qui veulent simplement du cash et mettre les gens dehors à moindre coût.
Estelle Schneider, représentante du personnel
L'éventuel repreneur le plus séduisant pour les salariés se nomme Telma. La société est française, leader mondial des freins à induction. Mais il y a un hic. Selon les salariés de Bosch, ce candidat au rachat n'aurait "pas les fonds suffisants pour l'instant, ni un projet assez solide".
Quelques mois pour trouver une solution alternative
L'autre société sélectionnée pour reprendre le site mondevillais se nomme Mutares, et suscite une forte inquiétude chez les employés de Bosch Mondeville. "C'est un fond de retournement, spécialisé dans le sale boulot des grandes entreprises. Il permettrait de démanteler le site sans que le nom de Bosch ne soit entaché", résume Gilles Gassion.
"Nous ne voulons pas que Bosch externalise la question sociale, qu'il assume ses engagements vis-à-vis des salariés", martèle Estelle Schneider. "Le chemin qu'on veut nous faire prendre va à l'inverse de ce que Robert Bosch portait", déplore Fabrice Paysant, délégué syndical CFTC.
On a un amour de Bosch. Là, on nous arrache le coeur. On a été abattu, agacés, énervés, c'est répugnant. Les valeurs sociales, on n'en parle plus.
Fabrice Paysant, délégué syndical CFTC
Chez Bosch Mondeville, la moyenne d'âge des salariés est de 53 ans. "Avec beaucoup de personnes qui ont des problèmes de TMS (troubles musculosquelettiques)", précise Gilles Gassion. Selon le délégué syndical CFDT, "plus de 65 % des salariés ont des restrictions de travail".
Trouver un repreneur viable
Avec l'intersyndicale Sud-CFE-CFTC-CFDT, il réclame au cabinet Roland Berger de reprendre ses recherches pour trouver de nouveau repreneur viable. "C'est un beau site de 12 hectares, pas mal placé, relativement propre", détaille celui qui espère un projet de reprise, pourquoi pas en transformant la plateforme en pépinières, "comme cela a été fait à Vénissieux".
Le temps presse, la date butoir avant l'enclenchement d'une liquidation est fixée au mois de juin prochain.