En 2016, lors des manifestations contre la loi travail, un homme avait été frappé à coups de matraque par un membre des forces de l'ordre. Le policier a été condamné à deux mois de prison avec sursis. Les dommages et intérêts accordés ce jeudi sont jugés très insuffisants par l'avocat de la victime.
Monji Essana réclamait 30 000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice subi. Le tribunal de Caen ne lui a finalement accordé ce jeudi que la somme de 786 euros. Bien loin de ce que l'homme, frappé à terre à coups de matraque par un policier le 26 mai 2016, espérait. Son avocat a indiqué qu'il comptait faire appel de cette décision.
A la fin de la manifestation du 26 mai 2016, Monji Essana s'asseoit sur un banc place Gardin pour changer de lunettes. C'est alors qu'un policier s'en prend à lui; "Là, je le vois arriver avec la matraque, je le vois lever la jambe, m'écraser la poitrine, je dis stop, je me mets en boule, je ramasse ma tête pour me protéger", racontait-il à une de nos équipes quelques jours après cette violente agression.
Le reportage diffusé le 3 juin 2016.
Après avoir effectué une radio des poumons, Monji Essana, maître-nageur de profession, découvre qu'il souffre d'un décollement de la plèvre. On lui prescrit 12 jours d'arrêt de travail. L'auteur des coups, un commandant de police, plaide coupable. Il écope d'une peine de deux mois de prison avec sursis, sans inscription au casier judiciaire. "La sanction pénale est, je trouve, vraiment très légère" estimait alors Monji Essana. "Ce qui m'inquiète le plus, c'est que ce policier est à nouveau sur le terrain".
Peu avant, l'audience civil au TGI de Caen, Monji Essana avait confié à l'une des journalistes de notre rédaction qu'il lui avait fallu du temps pour surmonter ce traumatisme. "Concrètement, mon état psychologique a eu de fortes conséquences physiques, après un trauma comme celui que j'ai vécu, j'ai somatisé. Je ne pouvais plus marcher, je boîtais, j'avais des douleurs lombaires, mal aux hanches, aux épaules, je ne pouvais plus conduire ma voiture, je ne supportais plus le contact d'un pantalon, j'étais en jogging tout le temps. J'ai passé des scanners, y avait rien. C'est le traumatisme qui me mettait dans cet état."