Environ 300 personnes sont rassemblées ce vendredi matin devant cette usine que le groupe Saint-Louis Sucre prévoit de fermer en 2020.
À Cagny, les gilets sont de couleur orange. Les planteurs de la CGB l'arborent fièrement. Comme ce slogan floqué sur la tunique : "La betterave, on y croit". Mais dans les rangs, le ton est bien moins enjoué. Les planteurs peinent à se remettre de "l’annonce brutale et unilatérale de la fermeture" de cette usine qui achète leur production. Le syndicat estime que la disparition de l'usine "condamnerait les bassins de production de betteraves situés dans le Calvados et dans l’Orne".
Non à la fermeture de la sucrerie de Cagny !! pic.twitter.com/1iFkgNC3Zp
— FDSEA 14 (@FDSEACalvados) 21 février 2019
Mais au-delà de leur propre cas, les planteurs disent s'inquièter des conséquences d'une telle décision : "L’arrêt de cette sucrerie serait catastrophique pour l’économie du département avec plus de 500 emplois directs, indirects et induits remis en cause : les salariés de l’usine, les transporteurs,les sous-traitants (chaudronnerie, mécaniciens, électriciens…), les commerces locaux (épiceries, distribution alimentaire, brasseries…) et les entrepreneurs agricoles", prévient la Confédération Générale des Planteurs de Betteraves dans un communiqué.
L'usine de Cagny victime de la surproduction mondiale de sucre
D'ailleurs, devant l'usine, de nombreux élus arborant l'écharpe tricolore sont venus grossir les rangs. Des parlementaires, des conseillers départementaux, des maires. Le président de la Région Normandie est absent. Mais Hervé Morin a adressé un communiqué. Il demande "à l’entreprise Saint Louis, filiale du groupe Südzucker, de revenir sur sa décision de fermeture du site de Cagny en 2020 et de se justifier sur les raisons de cette décision."
La surproduction mondiale de sucre a enraîné une chute des cours. Le 14 février, le groupe a annoncé la fermeture de deux sucreries en 2020, à Eppeville dans la Somme et à Cagny (où l'usine sera désormais vouée à stocker du sucre et de la mélasse). "Ce projet s’inscrit dans un contexte de pertes de la branche sucre du groupe Südzucker, l’amenant à devoir adapter ses capacités de production à la demande du marché européen" a-t-il justifié.
"La justification aujourd’hui du groupe Südzucker de la fermeture du site permettant ainsi une hausse des prix est un mensonge", s'emporte Hervé Morin. À Cagny, quelques salariés ont rejoint la manifestation. Le site emploie 90 personnes à l'année, auxquelles s'ajoutent environ 70 saisonniers. Sur une pancarte, les manifestants ont écrit : "Saint-Louis Sucre abandonne ses salariés et ses planteurs en France".