Une étude sur l'état de la pauvreté en France, réalisée d'après les statistiques d'accueil du Secours Catholique, dresse un portrait alarmant de la précarité dans l'Hexagone. Les départements de l'Orne et le Calvados sont concernés par une aggravation de la pauvreté, notamment chez les femmes.
"Comme au niveau national, la pauvreté s'aggrave dans le Calvados et l'Orne" alerte Adèle Aubin, de la Délégation Orne Calvados du Secours Catholique.
La pauvreté en France est définie en fonction de différents niveaux de seuil de revenus et en fonction de la situation familiale. Le seuil de pauvreté à 50% (c'est-à-dire à 50% du niveau de vie médian en France) est fixé à 1 014€ pour une personne seule et à 1 520€ pour un couple sans enfant selon les dernières données de l'Observatoire des inégalités datant de 2022.
Dans les deux départements normands étudiés, 55,7% des femmes et 44,3% des hommes pris en charge par le Secours catholique souffrent d'une précarité préoccupante selon l'enquête sur l'état de la pauvreté en France.
On observe une féminisation de la pauvreté. Nos bénévoles normands rencontrent de plus en plus de femmes seules ou de mères isolées qui connaissent des situations de vie très complexes
Adèle AubinDélégation Orne Calvados du secours catholique
La situation est aggravée par une inflation galopante (+4,9% en 2023). Mais également par une absence de recours aux aides sociales pour une grande partie des ménages accueillis par le Secours Catholique.
Des "freins" qui fragilisent encore plus les ménages pauvres
Dans l'Orne et le Calvados, 42,9% des ménages en situation de pauvreté ne bénéficient pas du revenu de solidarité active (RSA) contre 36 % au niveau national. Plus d'un tiers, 33,7% exactement, n'ont pas eu recours aux allocations familiales (36,6 % sur la France entière).
Ces dispositifs, même s'ils ne sont pas toujours des solutions miracles pour sortir de la précarité, sont pourtant destinés aux personnes sans ressources en inactivité, comme c'est le cas de plus de la moitié des personnes touchées par la pauvreté et accueillies au Secours Catholique à l'échelle nationale (51%).
"Mais tous les ménages n'ont pas connaissance de ces aides. Ou ils font face à un durcissement des conditions d'accès pour en bénéficier, ainsi qu'à la complexité des démarches pour monter des dossiers. Et puis, beaucoup de ménages peinent à avoir accès aux outils informatiques ou même à se déplacer notamment dans les zones rurales, très présentes dans l'Orne" précise Adèle Aubin, qui estiment que tous ces "freins" altèrent le niveau de vie de personnes "déjà très fragiles et isolées".
En 2023, le niveau de vie médian des ménages rencontrés par le Secours Catholique en France s’établissait à 555 euros par mois, en recul de 19 euros par rapport à 2022 en raison de l’inflation encore élevée.
95 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté et 74 % sous le seuil d’extrême pauvreté (40% du niveau de vie médian), fixé à 850€ en moyenne en 2023.