Dans les rayons frais des supermarchés, on trouve des dizaines de variantes du beurre. À côté des traditionnels doux, sel et demi-sel se sont installé les beurres fins, extrafins, tendres, légers ou allégés. Savez-vous que certains d'entre eux ne sont pas du vrai beurre ?
Avant, le beurre, c'était simple : il y avait le doux, le demi-sel et le salé. Désormais, il faut compter avec des déclinaisons toutes plus commerciales les unes que les autres. Certaines appellations visent à communiquer sur la qualité du produit. C'est le cas des AOP, au nombre de trois - Isigny, Bresse et Charente-Poitou - qui certifient une production complète dans une zone géographique donnée et restreinte, avec un savoir-faire précis.
C'est le cas aussi des mentions "fabriqué en...", qui assure le lieu de fabrication mais pas la provenance du lait. Par exemple, comme l'explique le magazine 60 millions de consommateurs dans son enquête "Comment bien choisir son beurre sans se faire baratiner", le beurre gastronomique Président est de "fabrication normande ou bretonne", mais la crème d’origine "France et UE".
Des beurres qui n'en sont pas vraiment
Au début des années 90, l'obésité est érigée en fléau à combattre au 21e siècle. Les grandes marques se mettent alors à créer de nouvelles recettes et adaptent leur marketing. Les boissons light ou zéro, les yaourts 0% envahissent les étals. Dans les rayons frais surgissent les beurres légers, allégés, affublés eux aussi de pourcentages pour insister sur les taux de matières grasses.
En 1994, les juristes européens se penchent sur ces différentes appellations afin de leur donner un cadre juridique précis. Un beurre "allégé" doit avoir une teneur en matière grasse réduite, comprise entre 60 et 62%. Les fabricants l'obtiennent en utilisant de la crème allégée. Il contient plus d'eau qu'un beurre normal et peut contenir des additifs.
Le beurre étiqueté "léger" renferme encore moins de matières grasses (entre 39 et 41%), si bien qu'on peut se demander s'il s'agit encore d'un beurre à proprement dit. Surtout que certaines marques ajoutent de nombreux additifs, générant ainsi des aliments ultratransformés. En dessous de ce pourcentage qui ne représente pas la moitié du produit, on ne peut pas parler de beurre, mais de "matière grasse à tartiner".
Un beurre sur trois présente une anomalie
Fin 2023, une enquête de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) révélait que la filière des matières grasses laitières présenterait des anomalies pour 29,5% de sa production.
Elle pointait notamment du doigt une teneur en eau trop élevée. Un règlement européen fixe à 16% la teneur en eau maximale que peut contenir un beurre. Or, lors du contrôle, près de 15 % des échantillons dépassaient cette limite. Les non-conformités se concentraient principalement sur l’étiquetage et la composition des beurres.