Pas besoin d'être paranoïaque pour s'inquiéter de ce que deviennent tous les petits cailloux que nous semons au cours de nos recherches et de nos achats sur internet. De quoi faut-il se méfier ? Comment limiter ce profilage ? Une experte numérique répond à ces questions, en toute transparence.
Nos objets connectés nous surveillent ? FAUX...mais
Au cours de l'année 2021, plus d'un Français sur trois a fait l'acquisition d'un objet connecté, que ce soit une enceinte, une montre ou encore une télévision (source IFOP). "Ils sont là pour répondre à des questions, et pour cela ils vont collecter, traiter et diffuser à d’autres objets connectés ou à des plateformes, comme nos agendas, nos carnets d’adresses", explique Laure-Isabelle Ligaudan, experte numérique. "Une enceinte connectée fait énormément de choses à notre place, et pour qu’elle puisse le faire, il faut qu’elle ait énormément d’informations."
Tout cela n'est donc pas sans risque. "Si il y a une intrusion dans votre enceinte connectée, et qu’on peut piquer toutes les informations qu’elle collecte sur vous et votre famille, vous imaginez bien que c’est un profilage de très très haute qualité. Donc le problème n’est pas que nos objets connectés nous surveillent, mais qu’il faudrait être vraiment sûr qu’ils soient sécurisés, et ce n'est peut-être pas la chose la plus importante pour les gens qui fabriquent et gèrent les objets connectés". La France a été le pays de l'Union Européenne le plus touché en 2021 par rançongiciels, qui visent notamment les entreprises.
Une entreprise peut vendre nos données ? FAUX
Il faut déjà savoir qu'il existe une réglementation européenne sur la protection des données, le RGPD, pour protéger notre droit vital à la vie privée. "Donc toutes les informations qu’on donne à des plateformes, des sites de commerce, on les donne pour une raison. Une entreprise ne peut pas vendre nos données sans notre consentement."
Ce que tout le monde ne connait pas forcément, c'est le droit de limitation. "Si vous achetez un produit sur un site de vente, on vous demande votre adresse postale et le téléphone portable pour le suivi de livraison. Vous avez le droit de demander une preuve de la limitation de conservation de vos données à la finalité, c’est-à-dire la raison pour laquelle vos données sont collectées."
La gestion des cookies protège notre vie privée ? VRAI
Il faut l'avouer, c'est devenu un enfer cette petit page de consentement qui s'affiche à chaque fois qu'on arrive sur un site, qu'il soit commercial ou d'information. "Les cookies sont des traceurs, des petites bestioles informatiques sur les pc portables, smartphones, tablettes… Ça permet de faire du profilage, qui permet de faire de la manipulation à des fins de consommations en vous proposant des choses à acheter. Donc refusez tout par défaut, n’acceptez que les cookies nécessaires, ne faites jamais « accepter tout ». C’est vraiment un des outils fondamentaux pour nous préserver de collectes de données qui peuvent nous profiler, et nous amener tout ce qu’on n’aime pas comme les spams."
Attention aussi à bien choisir ses outils, précise notre experte numérique, Laure-Isabelle Ligaudan, "en privilégiant leur approche et leur politique de confidentialité. Beaucoup de navigateurs permettent par exemple la navigation privée. Ça veut dire que la trace de ce que vous allez visiter pendant le temps de votre recherche ne sera pas conservé dans l’historique de votre navigateur."
L’Etat peut conserver les données des citoyens ? VRAI
"La loi informatique et liberté est sortie en 1978 en France pour protéger la vie privée, et la CNIL a été créée pour s’assurer que nos gouvernements ne puissent pas faire mauvais usage des informations qu’ils collectent sur nous. Mais aujourd’hui on a décrété des états d’urgence qui permettent à des fichiers d’être créés pour des raisons tout à fait respectables, sauf qu'on ne sait jamais quand ça s’arrête..."