Le port de Caen ne fera jamais d'ombre à son voisin du Havre, certes. Très loin des supertankers, le port de la capitale du Calvados mise sur sa singularité, et parvient à amarrer le long de ses quais de petits navires de croisière très haut de gamme. Un marché de niche qui s'ancre un peu plus chaque année.
Avec trois bateaux amarrés en même temps la semaine des commémorations du 6 juin, toutes les places étaient occupées. Les quais ne peuvent pas prétendre accueillir davantage de navires. C'est même revendiqué. "On ne cherche pas à atteindre des volumes de passagers importants. En revanche on mise sur la clientèle haut de gamme et les petits bateaux d'expédition" affirme Cécile Cottenceau, maire adjointe de Caen. Les navires accueillis n'excèdent pas 175 mètres mais ressemblent à de véritables yachts de luxe.
2.000 passagers sont attendus pour cette saison, on est très loin des chiffres de Ouistreham (743.000 passagers l'an dernier grâce à la liaison avec Portsmouth) ou du Havre (460.000 passagers). Point de ferry dans ces eaux donc, mais une clientèle très aisée en croisière depuis Hambourg, direction Lisbonne.
Pour décrocher des escales, il faut jouer des coudes lors de salons internationaux comme celui de Miami en avril
Morgan Pravos, responsable croisière, Office de tourisme Caen-la-Mer
Il s'appuie sur le côté atypique du port caennais. "Les quais n'affichent pas de constructions liées à l'industrie portuaire, et il n'y a pas de porte-conteneurs géants. Au contraire. Pour arriver à Caen, les touristes passent le pont de Pégasus, avec sa charge historique et symbolique, puis devant le château de Bénouville et son parc à la française, et longent celui de Beauregard".
Évidemment les croisières sur le thème de l'histoire européenne et de la seconde guerre mondiale semblent toutes destinées à s'amarrer à Caen.
8 bus par escale
Une fois à quai, la clientèle bénéficie de la proximité immédiate du centre-ville. "On leur propose des vélos pour gagner l'hyper centre, mais aussi des navettes ou des bus pour partir vers les plages du Débarquement ou découvrir la tapisserie de Bayeux". Il faut en moyenne 8 autocars par escale, des guides conférenciers, et "cela fait travailler énormément de services locaux pour ce qui est du portuaire comme les pilotes, les services à quai...on estime les retombées financières à 20 000 euros par escale. Sans compter le panier moyen dépensé dans les commerces", détaille Morgan Pravos.
Des aménagements nécessaires sur les quais
Des escales qui ont tendance à s'allonger. Et à se multiplier depuis 2016, où 5 navires s'étaient amarrés le long du quai Gaston Lamy. C'est 3 fois plus aujourd'hui. Certes, c'est peu mais l'objectif fixé est de 20 bateaux. "On ne recherche pas la quantité" rappelle Morgan Pravos. Des aménagements sur la presqu'île sont prévus à l'avenir afin de connecter les quais au centre-ville via un réseau de pistes cyclables et de paysager le site -jusqu'à présent proche par son aspect de la friche industrielle mal famée.
Dernier point : Les bateaux de luxe sont souvent récents et "ultra-modernes, tant pour le confort des passagers que pour les techniques de navigation notamment sur le volet environnemental avec des stationnements sans ancrage, moteurs hybrides pour des propulsions essence et électrique, design de coques pour limiter la consommation…" souligne Morgan Pravos. Pour leur permettre de couper les moteurs lors de l'escale, un branchement électrique à quai devrait être possible d'ici 2028.
En revanche, en raison du coup d'arrêt de l'aménagement de la presqu'île de Caen, le terminal de croisière ne pourra voir le jour. La faute au réchauffement climatique et à la montée de la mer, prévue par le GIEC.