Il vend du café sur son triporteur "J'avais envie de travailler pour vivre, ne plus courir après le temps et l'argent"

Depuis le début du mois d'avril, un petit triporteur de café a fait son apparition sur le marché de Touques. A bord, Vincent Becasse espère développer son concept sur toute la Côte Fleurie, pour créer du lien et promouvoir le circuit court. Une nouvelle vie motivée par le confinement.

"J'avais envie de travailler pour vivre, ne plus courir après le temps et l'argent." Après 30 ans dans la restauration, et "des journées de 15 heures sans voir grandir mes enfants", ce Normand en a eu assez. Aujourd'hui, Vincent Bécasse est heureux, et le revendique !

Je vais prendre rendez-vous avec un ophtalmo. Je vois la vie en rose, alors que ce monde est gris.

Publiée par Vincent Becasse sur Dimanche 18 avril 2021

 

Ce virage, la pandémie n'y est pas pour rien. "Pendant le premier confinement, on s'est retrouvé seul avec mon patron dans la pizzeria, c'était très intime, plus dans la discussion que jamais... Et au moment du déconfinement, une horde a débarqué, des loups en cages qui ne voulaient pas appliquer ou comprendre les nouvelles règles de sécurité sanitaire auxquelles nous étions soumis, et eux aussi donc..." Contraste violent, trop violent. Alors Vincent Bécasse a voulu faire autre chose, plus en adéquation avec sa vision du monde.

Je suis persuadé qu'on peut vendre de bons produits, tout en faisant attention à la nature et aux gens autour.

Vincent Bécasse, fondateur du Treadle Coffee

Il lui fallait une idée. Elle est née pendant le deuxième confinement, à un moment où cet homme à la fibre écologique a vu cette nouvelle manière de consommer qui se développait : la vente à emporter, avec tous les déchets qu'elle peut générer. "Je suis persuadé qu'on peut vendre des bons produits, tout en faisant attention à la nature et aux gens autour." Le voilà donc devenu marchant ambulant de café, celui d'un torrefacteur local (Cafés Baron, à Honfleur), dans des contenants biodégradables en bambou et carton recyclé. Peut-être avez-vous déjà aperçu cette silhouette inhabituelle sur les routes de la Côte Fleurie.

 

Le café, un moment chaleureux

Quoi de mieux que de commencer dans son village pour tester un concept ? Touques et ses quelques 3.600 habitants, un jour de marché. Entre le poissonnier, le vendeur d'oeufs et le maraîcher,  Vincent n'est pas passé inaperçu avec son costume trois pièces et sa casquette vintage, le 13 avril dernier. "Il fallait créer un personnage, qui rappelle ce côté rétro", comme le triporteur équipé d'une machine à moudre les grains et d'une machine à piston pour "un petit café expresso de bar, plein de saveur". Un duo qui veut se fondre dans le décor, sans être en concurrence avec les commerces locaux, fermés en ce moment avec le confinement. 

J'ai vu des gens heureux [...] avec leur petit café. Les gens se sont installés sur les bancs de la place, et la discussion s'est ouverte naturellement.

Vincent Bécasse, fondateur du Treadle Coffee

Il craignait un peu cette première, mais tout s'est fait tranquillement. "Le café, c'est un moment chaleureux de partage. Les gens aiment la café, qu'ils fassent chaud ou froid. Les retours de clients ont été extraordinaires. J'ai vu des gens heureux de se retrouver là avec leur petit café. Les gens se sont installés sur les bancs de la place, et la discussion s'est ouverte naturellement."

Forcément il repense avec le sourire à la réaction initiale de son banquier ou de la chambre de commerce quand il leur avait exposé son idée. "Avec du café, tu ne gagneras jamais ta vie..." Il s'en fiche, du moment qu'il a les moyens d'avoir "une vie tranquille, sans chercher fortune".

Une douce fraîcheur matinale, un soleil pressé de se lever tôt. Des sourires, des conseils, un joli bouquet de roses...

Publiée par Treadle Coffee sur Jeudi 15 avril 2021

 

Et ce qui est magique pour lui, c'est qu'il continue d'apprendre et de découvrir. D'abord sur sa région, en étudiant les routes où il pourrait circuler. Mais aussi grâce aux rencontres qu'il vient de faire. "Mon torrefacteur m'a transmis sa passion et ses idées, j'ai senti toute sa passion. J'ai trouvé également du thé, mais pas encore du chocolat comme je le voudrais..." 1,50 euros le café, 3 euros le capuccino.Voilà pour les boissons chaudes. pour les rafraîchissements, il aimeraît aussi vendre pourquoi pas des jus de fruits locaux, pomme ou poire par exemple, "mais vous n'êtes pas prêt de trouver du coca dans mon triporteur !"

En plus de ses apparitions les mardis, jeudis et samedis à Touques, Vincent espère trouver bientôt sa place à Trouville, "mais ce sera après le confinement, car le marché a perdu 2/3 de sa capacité momentanement". Il voudrait aussi pouvoir participer à des évènements, des foires, aller dans des communes plus loin, mais pour cela il faudra un véhicule de transport, et pour l'instant toutes ses économies de 30 ans de travail sont passées dans le triporteur et les équipements (15.000 euros).

 

Un marc de café à disposition

Vincent Bécasse propose aussi de donner son marc de café à ceux qui en auraient besoin, particuliers ou communes. Il propose d'ailleurs, avec ses enfants, très impliqués dans le projet, tout un tas d'astuces sur leur page instagram pour utiliser ce marc de café, comme évidemment le compost, la lutte contre les insectes ou les mauvaises odeurs.

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